L’instant de ma mort, 2012
« Mon travail vise à redonner une couleur et une odeur à la mort, à une époque où l’illusion de l’immortalité fausse notre perception de la condition humaine. Je pense qu’il est, dans ce sens, un acte d’humanité. Je me réjouis de cette rencontre. »
Cette confrontation récurrente à la mort, à la solitude du mort, à l’absolue déréliction du cadavre ne saurait se surmonter — manière de supporter cette vision — par la seule mécanique des gestes du photographe. J’ai résolu d’en faire l’objet d’un travail méthodique et continu.
Les diptyques qui composent cette exposition sont réalisés en deux temps. Une première prise de vue est opérée au moment même de l’arrivée sur les lieux, selon un cadrage semi-spontané́, très proche du premier «coup d’œil». C’est après le retrait du corps qu’est prise la deuxième photo. À peu près du même point de vue, selon un cadrage assez voisin. Dans la présentation en diptyque, l’image seconde semble photographier l’absence du corps, comme traquant sa persistance subliminale, son écho auratique. Dissociée, elle perdrait tout ou beaucoup de sa dimension tragique.