L’homme nouveau, 2016
Claudine Doury ne cesse de questionner cet entre-deux de l’âge, du corps et du temps, à la fois fragile et violent qu’est l’adolescence.
Mais si jusqu’alors, l’homme n’apparaissait fugitivement que comme un figurant dans ses images, il advient au cœur même de « l’Homme nouveau », série entièrement réalisée à St Pétersbourg.
On verra un double écho à ce titre : du bolchévisme bien sûr, mais aussi à ce moment de mue et de mutation où l’adolescent éclot en homme.
Entre-deux, passage d’une frontière, métamorphose ovidienne : c’est ce moment si singulier, unique, de crise et d’avènement à soi, que l’artiste s’obstine à capter, à décrypter.
Ce faisant, elle questionne ce qu’il en est de l’identité masculine – qu’est-ce que devenir un homme ? Et un homme dans une Russie elle-même en pleine mutation.
Issus des classes moyennes, venus des quatre coins du pays pour y étudier et y inventer une nouvelle vie, ces jeunes hommes sont aux antipodes de leurs aînés.
Et si tous se veulent résolument modernes, tournés vers l’art et la culture, connectés avec le reste de la planète, s’appropriant les codes de la mondialisation, leurs portraits, s’avèrent transhistoriques : éternels Petits Princes, éphèbes grecs ou archétypes de l’aristocrate renaissant, tous renvoient, peu ou prou, dans notre mémoire iconique, aux tableaux de Léonard, Dürer, ou Holbein.
Extrait du texte de Dominique Baqué.