Les nonnes de Colombie, 2013
En 2012, Françoise Huguier va une fois de plus se mêler de ce qui à priori ne la regarde pas. Des religieuses, à Bogotà, Cali et Popoyàn, les trois principales villes de Colombie. C’est une idée bizarre, un projet de travers quand l’actualité de la Colombie rime plutôt avec la production et le trafic de cocaïne, ses fameux cartels de la drogue, les violences urbaines et la guérilla jamais éteinte entre les militaires, et les guérilleros des FARC autoproclamés « armée du peuple » et des escouades paramilitaires d’extrême droite.
En pénétrant dans des couvents colombiens, Françoise Huguier invente un reportage qui à sa façon en dit long sur l’état actuel de la Colombie. Ses femmes par vocation retirées du monde sont un monde. Un monde catholique d’abord.
Ce qu’on voit aussi, c’est leur réflexe plus ou moins conscient, parfois tout de même avec une touche de maquillage, de poser à la façon de l’iconographie sulpicienne mise au point et popularisée à la fin du XIXe siècle. Vues de cet œil, celle-ci est tout à fait une Bernadette Soubirous de Bogotà, cette autre une sainte Thérèse de Cali. Le livre de Françoise Huguier est comme un missel dont on n’aurait gardé que les images pieuses qui servaient de marque-page.
Gérard Lefort
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