Les Lutteurs, 2017
« Les Lutteurs » n’est pas une commande plutôt une recherche fascinée sur l’étude du corps dans son lien le plus étroit avec le jeu, le sport, la confrontation, un sujet récurrent dans mon corpus. Les sports de combat comme la lutte se prêtent à cet exercice et en 2017 je suis le soir dans les salles d’entrainement et dojos des banlieues d’Île de France et surtout le 93. Le sport est l’élément éducatif et performateur. Il représente également les valeurs de la démocratie, mixité sociale et culturelle. Dans la salle d’entrainement tous sont à égalité face à l’effort, et l’entraineur bénévole et charismatique est souverain.
L’action si elle exprime « l’intensité moderne » valeurs fondamentales des futuristes et constructivistes russes, repousse aussi les frontières de la mort. Respecter les règles du jeu, le jeu dans le combat est une activité réglée, et non transgressive, le cercle, le rond : c’est l’anti tragédie : on ne connaît pas l’issue.
Ce travail interroge la hiérarchie des corps et leur place dans l’espace. Les différents plans, les différents flous, revisitent la profondeur de champs. Les corps sont encaissés, comme compressés dans le cadre ou s’envolent en se lançant en l’air, dans une chorégraphie puissante et tendre. Les couleurs nuancées des peaux brunes et blanches ajoutent une chaude sensualité tactile aux images photographiques.
Tina Merandon