Les Fleurs de la nuit, 2001
Cette série de portraits de transsexuelles a été réalisée dans les rues de Madrid à l’été 2001. Durant plusieurs mois, j’ai suivi une unité mobile de Médicos del Mundo dans son programme nocturne d’aide et d’attention aux prostituées madrilènes.
J’ai choisi alors de focaliser mon travail sur les transsexuelles, ces fleurs de la nuit, qui sont soumises quotidiennement à la discrimination et aux agressions d’une partie de la population. Ce qui m’a profondément ému chez ces êtres, c’est l’expression de leur visage, leur regard en particulier, qui est rarement en accord avec les paroles et les gestes habituels du métier. Dans ce regard on y lit trop souvent une détresse indicible et une exaspération sans fin. Ces êtres à l’apparence joyeuse et fantasque cachent en réalité une immense solitude.
Si en groupe elles sont les « reines de la nuit », seules, elles ont la fragilité des fleurs et sont d’une vulnérabilité extrême. Tiraillées depuis leur plus jeune âge par ce désir d’appartenance à l’autre sexe, elles se sont battues toute leur vie pour imposer -ou cacher- à leur famille et à leur entourage leur choix irréversible. Ce sont des êtres qui se sont choisi femme et entendent vivre comme telle, même si le prix à payer est immense, démesuré.
Ces fleurs de la nuit sont un des reflets essentiels de la capitale madrilène et font partie intégrante de son identité.
François Fontaine