Leopold and Mobutu, 2002
Léopold, c’est le roi Léopold II de Belgique qui annexa en 1865 « un petit pays avec un petit peuple », comme il aimait à le répéter. Mobutu, c’est l’autre tyran du Congo.
Quatre-vingt-cinq ans séparent leur « règne » mais, pour le photographe sud-africain Guy Tillim, tout les rapproche. La violence surtout. Celle de la colonisation du Congo par Léopold II, roi de Belgique, en 1880, et celle des luttes armées qui sévissent toujours aujourd’hui et qu’ont nourries trente années de dictature de Mobutu Sese Seko.
Guy Tillim est allé sur les traces de ces deux fantômes qui rôdent encore dans les villes dévastées, sur les routes où se glissent des cohortes de déplacés et témoigne du legs colonial et politique, toujours visible dans le pays.
Aujourd’hui, on estime que dans les quarante années qui ont suivi, la moitié de la population congolaise, peut-être près de 15 millions de personnes, a été massacrée ou a perdu la vie sous les coups du travail forcé, de la maltraitance et des maladies.
Après la fin de la période coloniale en 1965, l’autocratique Mobutu Sese Seko devint Président du Zaïre (anciennement Congo), et régna sans partage pendant 32 ans.
Guy Tillim a visité la résidence de Mobutu à Gbadolite qui, dans sa monumentalité, exprime combien ce leader Africain a pris modèle sur son prédécesseur et a à son tour exploité le pays pour son profit personnel. Ces images montrent les palaces en ruine, vides, et abandonnés : mausolées d’une histoire plus récente de l’oppression. Couplés à ces intérieurs saisissants et ces paysages, les portraits des enfants soldats Mai Mai, habillés de feuilles les camouflant, apparaissent comme la réincarnation contemporaine des jeunes troupes Africaines forcées d’intégrer l’armée coloniale dans la fin des années 1880. Sur d’autres images, les vagues de réfugiés fuient sur les routes pris entre les combats que se livrent les « seigneurs » de guerre.