L’empreinte mauresque en Tunisie, 2018
En Tunisie sur les traces de l’héritage multiple et fécond des Maures expulsés de la péninsule Ibérique au 17ème siècle.
Au 17ème siècle, on appelait “Maures” les Espagnols d’origine arabe qui avaient conservé leurs coutumes et continuaient de pratiquer l’Islam après la reconquête de l’Andalousie par la Couronne espagnole. Forcés de se convertir au christianisme au 16ème siècle, ils furent définitivement expulsés de la péninsule ibérique entre 1609 et 1614. Ils durent alors abandonner cette terre. Le groupe le plus important, composé de quelques 75 000 Maures, trouva refuge en Tunisie ottomane, où ils furent bien accueillis en raison de leurs savoir-faire agricoles et artisanaux. L’arrivée de ces réfugiés donna ainsi une forte impulsion à la prospérité artisanale du pays, et au rayonnement intellectuel de Tunis dans tout le Maghreb.
On trouve encore aujourd’hui en Tunisie de nombreuses traces de la culture mauresque, qu’elles résultent véritablement du patrimoine apporté par cette communauté ou s’apparentent à un métissage, à une culture partagée par les deux côtés de la Méditerranée.
La série de José Manuel Navia raconte cet héritage mauresque, depuis la médina de Tunis et le quartier de Bab Souila, jusqu’à Testur et la vallée fertile du fleuve Medjerda. Il nous en montre la permanence, qui se manifeste aussi bien dans l’architecture de la vieille ville, ses azulejos et ses portes à motifs cruciformes caractéristiques, que dans l’agriculture de la région, perfectionnée par les apports de ces exilés. Vivante, cette culture l’est aujourd’hui tout particulièrement dans le cœur des Tunisiens, qui revendiquent ce passé mauresque, qu’il soit réel ou rêvé, et se disent volontiers andalous.