Le temps d’après, 2007
Toutes les photographies ont été prises, celles qui ne l’auraient pas encore été le sont en ce moment par les millions d’objectifs qui enregistrent tout, anonymement, à travers le monde. Que reste-t-il au photographe qui n’a pas épuisé son plaisir de voir ? Collecter des visions, les ordonner pour construire de nouvelles sensations du voir… J’ai « arrêté la photo », parce que j’avais la conviction que c’était fini, que cette étape de l’histoire de la photographie dans laquelle je m’étais inscrit, « la mise en scène photographique », était le chant du cygne de la photographie, le dernier stade avant le règne de l’image pure, numérique, publicitaire. Un moment où l’on croyait encore suffisamment au pouvoir de vérité de la photographie pour s’offrir le luxe de construire des fictions vraies.
Parmi les dossiers images de mon ordinateur, il y en à un que j‘ai baptisé : « Le temps d’Après ». J’y glisse les images empruntées à mes amis et toutes celles que je prends sans y penser avec le numérique, le jetable à portée de main quand une vision s’impose.
J’ai extrait de ce dossier les images les plus éloignées d’une intentionnalité photographique, je n’ai gardé que du « vu », du « voir », et tenté de peindre la toile de fond du monde (moi qui n’accepte plus jamais d’être photographié) dans lequel je vis, je voyage, je poursuis ce que je suis, à des années lumières de mon point d’origine !