Le renouveau de l’archéologie égyptienne, 2023
Deux cents ans après le déchiffrage des premiers hiéroglyphes par Champollion et cent ans après la découverte du tombeau de Toutankhâmon, l’Égypte se réapproprie son passé et place son patrimoine entre les mains d’une toute nouvelle génération d’archéologues locaux, munis des meilleurs outils technologiques.
Le patrimoine égyptien est une source d’émerveillement mondialement reconnue qui enchante les visiteurs du monde entier. Chaque nouvelle découverte révèle au grand jour la richesse et la beauté de la civilisation de l’Égypte ancienne. Cependant, ce patrimoine a longtemps été placé entre les mains d’équipes étrangères : la grande majorité des fouilles archéologiques étaient, jusqu’à cette dernière décennie, conduits par des archéologues venant d’autres continents. Aujourd’hui, le secteur de l’archéologie du pays effectue un passage à la direction locale, qui, bien qu’accéléré par la pandémie, atteste surtout d’une volonté des jeunes Égyptiens de se réapproprier leur histoire.
Depuis une dizaine d’années, le Ministère des Antiquités a mis en place la création de nouvelles écoles misant fortement sur une formation de terrain, permettant à toute une nouvelle génération d’archéologues – plus de 500 – d’accéder à ces enseignements pratiques sur l’art de la recherche, de la fouille et de la restauration. Grâce à ces initiatives, on compte désormais plus de 40 missions conduites par des jeunes experts égyptiens.
Des ouvriers archéologiques égyptiens s’occupent du site de fouille du temple de Ramsès II. À l’intérieur du temple, une équipe d’archéologues a récemment découvert plus de 2 000 momies de béliers (en arrière-plan), ainsi que d’autres momies d’animaux tels que des chiens et des gazelles, toutes appartenant à la période ptolémaïque (300 av. J.-C.-30 av. J.-C.).
Dr. Mostafa Waziry (égyptologue, secrétaire général du conseil suprême des antiquités d’Egypte) tenant un sarcophage en bois avec des peintures colorées (datant de la dernière époque de l’Ancienne Egypte, 600 av. J.-C.). Il était utilisé pour garder les boyaux du défunt. Toutes ces trouvailles appartenait à des gens ordinaires. Aucun d’entre eux n’étaient de lignée royale.
Outre les nouveaux enseignements, ces recherches ont également été facilitées par une modernisation importante des techniques et des outils technologiques du secteur.
Dr. Yehia Z et son équipe se trouvent dans la tombe KV 35, celle d’Amenhetep II. Ils cherchent à trouver l’identité d’une bébé momie grâce au procédé de l’échantillonnage ADN.
Des mesures 3D à l’intelligence artificielle, en passant par des CT-scan et l’analyse d’ADN, la science et la technologie sont des outils largement utilisés par la nouvelle génération de scientifiques et archéologues égyptiens.
Un examen de tomodensitométrie (CT-scan) a notamment permis d’identifier la momie trouvée dans la tombe d’Amenhotep II comme étant en réalité la reine Tiye, mère d’Akhenaton et grand-mère de Toutankhamon, devenue l’épouse royale d’Amenhotep III.
Ce nouveau tournant dans l’archéologie se reflète dans les collections et les coulisses du nouveau Grand Musée Égyptien. Ce bâtiment colossal, « digne d’un pharaon », rassemble 100 000 objets dans 12 salles d’exposition, dont deux consacrées aux objets de la tombe du célèbre roi Toutankhamon, le tout sur une surface de 45 000 mètres carrés.
Un projet gigantesque dirigé par le major général Atef Moftah et qui aura coûté au total plus d’un milliard de dollars. Symbole des immenses ambitions du gouvernement égyptien qui souhaite raviver un sentiment de fierté et d’unité chez le peuple égyptien, le GEM constitue une vitrine monumentale pour les découvertes de la nouvelle génération d’archéologues locaux.