Le Festival de Cannes, royaume de l’esthéticonomie, 2007
Du cinéma ? Un peu. Des cinéphiles ? Peu. Des caméras ? Oui. De télévision ? Énormément. Des acteurs ? Oui. Des chanteuses ? Aussi. Des mannequins ? Dans des jacuzzis.
Et ? Des journalistes, des photographes, du marketing, des marchés, des marches, des interviews, des shooting, des photos-call, des joaillers, du business, des cigares. Tout ça, tout ça. Qui court. Vite. Se montre. Se vend. Cher. Le Festival de Cannes ? Un mythe. Bien sûr. Du marketing. Autour d’un mythe. Le glamour ? Les belles femmes? Flasques au royaume de l’esthéticonomie. Le naturel a été assassiné. L’artificieux naturel imposé. L’artificiel réduit à la normalité. Le temps où les regards s’étonnaient de découvrir des caricatures californiennes est révolu. Il y a beaucoup de stars à Cannes. On ne connaît pas forcément leurs noms, mais on sait qu’elles sont belles et bien habillées. Et pour Steeve Iuncker, elles ne posent jamais. Le photographe préfère les surprendre, les suivre, dénicher le moment le moins préparé, le moins faux. Plus que les personnes qu’il photographie, ce qui intéresse Steve Iuncker, c’est ce qui est caché. La beauté aguicheuse a une arme : le pouvoir de de se vendre mieux. Gagner la compétition. L’être humain, animal social, enthousiaste à l’idée d’accepter cette définition économico-esthétique de son corps : il doit briller de mille feux afin d’éviter l’exclusion. La mode et la chirurgie deviennent alors une solution.