La ville toxique, Anniston – États-Unis, 2018
La petite ville d’Anniston, dans l’Alabama, un peu plus de 20 000 habitants, est l’un des lieux les plus pollués de la planète. Installée en surplomb des quartiers ouest de la ville depuis 1935, l’usine de Monsanto a déversé dans l’environnement, et pendant près de quarante ans, des substances hautement toxiques et très persistantes : des polychlorobiphényles (PCB).
Peu importe que la production ait cessé dans les années 1970 : l’air, les sols, l’eau sont durablement contaminés. Les habitants de la petite ville aussi. Cancers, diabète, maladies cardiaques se multiplient. Et, en 2003, Anniston fait les gros titres de la presse nationale américaine en offrant le premier exemple de justice environnementale. Monsanto, qui connaissait depuis des décennies la toxicité des substances rejetées dans l’environnement, est condamné à verser 700 millions de dollars.
Quinze ans après ce verdict historique, Anniston est retournée à l’oubli. Mais la contamination n’a pas disparu. Les jardins ont été nettoyés, mais la dépollution de l’ensemble des zones contaminées est un travail de titan qui pourrait durer encore des décennies. Aujourd’hui, les quartiers ouest d’Anniston, ceux des pauvres et des Noirs, sont à l’abandon, et les enfants, les femmes et les hommes qui demeurent là souffrent toujours de la malédiction des PCB.