La Vᵉ, 2020-2024
Depuis son adoption par référendum en 1958, la Constitution de la Vᵉ République française et les institutions qui garantissent son respect ont longtemps été rattachées à l’image d’une ère de progrès, d’une France forte et dynamique.
« Un des caractères essentiels de la Constitution de la Ve République, c’est qu’elle donne une tête à l’État », disait Charles de Gaulle à propos du texte dont il avait confié la rédaction à son futur Premier ministre Michel Debré. Pourtant, en France, on sait ce que l’on fit subir par le passé aux têtes de l’État…
Aujourd’hui, la Ve semble au bord de l’asphyxie. La crise économique persistante, le sentiment d’une société à deux vitesses voire multi-fracturée, la concentration du pouvoir, les attaques terroristes, la montée du populisme, la crise des gilets jaunes mettent à mal ses fondements. Et la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’aggraver les maux de la Vᵉ.
À travers les soubresauts de la vie politique et sociale, ce travail interroge la représentation de la République française aujourd’hui.
Le quinquennat d’Emmanuel Macron, bien souvent marqué par le centralisme et le caractère « jupitérien » du chef de l’État, arrive bientôt à son terme. La question de notre mode de gouvernance, passée au second plan pendant la crise sanitaire, risque de se poser à nouveau en 2022, avec d’autant plus de force que les institutions ne semblent plus en mesure d’apporter des solutions aux crises que nous traversons.
Réélu pour un second mandat en 2022, face à un candidat d’extrême droite dont le poids politique ne cessait de croître, Emmanuel Macron a bénéficié au second tour d’un transfert de voix de la part d’électeurs qui ne soutenaient pas nécessairement son projet, comme l’ont prouvé les manifestations contre la réforme des retraites en 2023.
Les élections législatives de 2022 ont ensuite vu une augmentation des voix du Rassemblement national, envoyant un nombre record de 89 députés d’extrême droite à la Chambre.
En juin 2024, suite à une nouvelle vague d’extrême droite aux élections européennes, le président Macron a finalement choisi de dissoudre l’Assemblée nationale, faisant passer le nombre de députés d’extrême droite dans le nouveau mandat de 89 à 121. Il a profité de l’été pour nommer un Premier ministre et un gouvernement qui n’ont finalement duré que quatre mois, ouvrant une nouvelle phase d’instabilité politique qui a porté un nouveau coup aux institutions de la Ve République.