La vallée oubliée du Wakhan, 2018
Le Wakhan semble être une étendue de territoire particulière. Il s’étend de l’extrême nord-est de l’Afghanistan jusqu’en Chine. Le Pakistan au sud et le Tadjikistan au nord. Il est emblématique d’un territoire qui a été disputé, non pas pour ses ressources, mais pour sa valeur géographique entre les empires qui ont cherché à contrôler la région au cours des 150 dernières années.
La frontière qui définit le Wakhan, cependant, est loin d’être arbitraire. Le mythique « Corridor » comprend les plus hauts sommets de l’Hindou Kouch (y compris le plus haut Nowshak d’Afghanistan à 7 492 m), pénétré par seulement une petite tribu kirghizes semi-nomades et les plus hardis des aventuriers. Ce n’est pas un hasard si cette région reste l’une des rares du pays où les talibans n’ont pas réussi à mettre les pieds jusqu’à ce jour.
Bien qu’à couper le souffle, l’environnement y est rude. Une grande partie du fond de la vallée est parsemée d’anciennes chutes de pierres, comme de grandes houles océaniques gelées dans la pierre. L’altitude du Wakhan et ses hivers brutaux offrent de maigres possibilités agricoles. Environ 12 000 habitants survivent avec ce qu’ils peuvent cultiver et stocker pendant les quelques mois les plus chauds, lorsque la terre dégèle. La plupart ont également de petits troupeaux de bétail qui leur fournissent de la nourriture ainsi qu’un moyen de faire du commerce.
Tout comme le territoire lui-même, les Wakhis semblent isolés des troubles qui ont secoué le grand Afghanistan au cours des quatre dernières décennies. Alors que, de manière générale, les étrangers sont accueillis dans la plupart des endroits où le gouvernement est en place.
L’emblématique burqa bleue – omniprésente dans le reste du Badakhshan (la province à laquelle appartient le district du Wakhan) – n’est visible nulle part. Les femmes et les jeunes filles portent plutôt des foulards rouges qui se dégagent des coiffes arrondies quand elles rassemblent chèvres et moutons, puisent l’eau des ruisseaux et entreprennent d’autres tâches quotidiennes qui semblent moins dictées par le sexe qu’ailleurs en Afghanistan.
Avec ses modestes maisons d’hôtes et ses campings disséminés dans toute la vallée, à part la maison des Bouddhas géants de Bamiyan (avant leur destruction par les Talibans en 2001) et les majestueux lacs bleus de Band-e-Amir, le Wakhan est malgré tout une des destinations les plus touristiques en Afghanistan.