La guerre en Ukraine, 2023
Alors que les lignes de front se sont stabilisées durant l’hiver, Bakhmout, seule grande ville d’Ukraine aux mains des Russes – précisément de la milice Wagner –, devient le lieu de féroces combats.
Le 4 juin, la contre-offensive tant attendue côté ukrainien pour reprendre le territoire aux forces d’occupations russes a débuté. Celle-ci se concentre dans les régions de Donetsk à l’est et de Zaporijjia au sud-est, mais le président Zelensky a reconnu que les progrès étaient « plus lents que souhaités ». L’opération dans le sud de l’Ukraine a été rendue plus difficile encore lorsque le barrage de Kakhovka sur la rivière Dniepr a été détruit lors d’un sabotage présumé de la Russie. Les Russes continuent de cibler les Ukrainiens avec des frappes de missiles et de drones, notamment sur la capitale et sur la ville de Zaporijjia.
Plus d’un an après l’invasion, l’Ukraine espère maintenant que cette dernière contre-offensive pourra faire basculer la guerre en sa faveur. Gert Jochems est allé rendre compte de la situation sur place dans les villes de Kherson et Zaporijjia.
La nuit du lundi 5 au mardi 6 juin, la destruction du barrage hydroélectrique de Kakhovka situé sur le Dniepr, a causé de tragiques inondations dans la ville de Kherson. En plus des nombreux disparus, le bilan dépasse les 25 morts, tandis que plus de 8 000 personnes ont dû être évacuées en urgence. Les eaux du réservoir se sont déversées dans le lit du fleuve, inondant de vastes zones, parfois sur plusieurs kilomètres de largeur. Une évacuation massive des habitants a été entamée. L’endroit dédié au débarquement des bateaux a été pris pour cible par des tirs de mortiers russes. La plupart des volontaires se sont mis à l’abri dans une structure de fortune. Les Russes ont-ils délibérément pris pour cible les volontaires étrangers, telle une tentative de dissuasion pour rendre la situation plus difficile dans la ville ? Les attaques, elles, se poursuivent, laissant les résidents de la ville dans une situation d’extrême précarité.
A 8 kilomètres de la ligne de front, les soldats de la 108e brigade d’infanterie de Zaporijjia s’exercent à différentes situations de combat. Il s’agit par exemple de prendre d’assaut un village, maison par maison, en petits groupes de deux ou trois soldats. Ils doivent se couvrir mutuellement et garder leurs flancs protégés afin d’éviter toute attaque surprise de l’ennemi. Les instructeurs leur enseignent les méthodes d’approche d’une tranchée ennemie, de la réorganisation en cas de blessure à l’évacuation des blessés du champ de bataille. Les tireurs d’élite prennent des positions stratégiques en restant immobiles sur une longue durée. Patience et rigueur sont les maitres mots pour évaluer la force du vent et ajuster leurs tirs, des tirs mortels à une distance de 1,5 kilomètre.
Agée de 89 ans, Agafia est alitée depuis quatre ans en raison d’une maladie cérébrale et n’est pas consciente de la guerre en cours. Malgré cela, un éclat d’obus est tombé près de son lit pendant l’hiver.
Larisa, âgée de 83 ans, affirme être née avec un sourire et que les Russes ne pourront pas le lui enlever.
Son mari, Pjotr, 79 ans, éclate en sanglots à plusieurs reprises pendant l’entretien.
Lydia, 83 an, vivait sur les rives du Dniepr à Kherson. Sa maison est inondée et il ne reste plus rien de ses biens.