La Dame de la Mer, 1998
Anita Conti est une femme exceptionnelle. Écrivaine, photographe et première femme océanographe, elle s’impose dans l’univers très masculin de la pêche. Elle participe en 1935 à diverses campagnes sur le premier navire océanographique français puis, avant la seconde guerre mondiale, sur un chalutier-morutier en campagne en mer de Barents et au Spitzberg durant 100 jours. Ses missions lui permettent de publier des rapports et des articles illustrés par ses photographies prises avec son appareil Rolleiflex ; elle ne manque pas de dénoncer la surexploitation des océans. Durant la guerre, elle obtient l’autorisation d’embarquer en tant que photographe de la Marine sur des dragueurs de mines en Manche et en mer du Nord, photographiant les tentatives de déminage. Durant les années de la France occupée, Anita Conti contribue à améliorer les conditions de pêche sur les côtes de l’Ouest africain ; au Sénégal, elle implante des stations de séchage de poissons et crée en Guinée une pêcherie de requins. Anita Conti s’est fait accepter et respecter par les marins pêcheurs et les marins de la Royale qu’elle photographie comme un reporter, avec des points de vue audacieux (plongées et contreplongées qui nous font vivre de l’intérieur la pêche en haute mer). En 1952, elle embarque pour plusieurs mois sur le chalutier Bois Rosé en campagne sur les bancs de Terre-Neuve, au large du Canada. Son aura devient légendaire, les marins la surnomment La Dame de la mer. À ceux qui lui demandaient si elle était un garçon manqué, Anita Conti aimait répondre: «Non, je suis une femme réussie».