La chute, 2006
En 2006, Denis Darzacq a demandé à des danseurs et sportifs d’effectuer des sauts devant des fonds qu’il avait lui-même repérés, choisis et préalablement maquettés. Revêtus de vêtements ordinaires choisis avec le photographe, ces derniers ont été invités à entrer en scène, à l’intérieur d’un cadre précisément défini.
Tout a été réglé à l’avance, tout est prêt. Et les modèles se lancent dans l’espace. Rien de faux dans ces scènes, saisies à un instant qui a bien existé, pas de fiction, nulle retouche ni trucage. Pris dans des cours d’immeubles ou des rues du xixè arrondissement parisien, de Nanterre à Biarritz, ces jeunes ne jouent que leur propre rôle et se contentent d’effectuer des sauts dans un décor urbain moderne. Le photographe prend des images, n’intervenant que pour donner quelques indications de mouvement. Pourtant, au moment où le saut se produit, l’aléa et la force de gravitation font leur entrée.
Alors l’histoire peut commencer. Celle lointaine d’Icare poussé par son père à prendre son envol, dans une belle tentative de défier les lois de l’univers et de la pesanteur, avant de tomber vaincu par plus puissant que lui. La résistance du rêve à la raison, Newton et Galilée. La jouissance des hauteurs, le bonheur des ardents, des sauvages, des sportifs.
Texte de Virginie Chardin