L’Afghanistan aux mains des Talibans, 2021
Le 15 août 2021, les talibans sont entrés dans Kaboul.
Dernière étape de la reconquête du pays, après une avancée rapide que rien ni personne n’est venu freiner, la capitale afghane est retournée aux mains du groupe insurgé, après vingt ans de présence américaine.
À l’issue d’un accord conclu dans la foulée avec le gouvernement afghan, le président Ashraf Ghani a quitté ses fonctions et transféré le pouvoir aux dirigeants talibans.
Quelques jours plus tard, dans la nuit du 26 août, des attaques-suicides revendiquées par l’Etat islamique ont fait plus d’une centaine de victimes, dont treize militaires américains.
La semaine que vient de vivre le peuple afghan, sous le regard de la communauté internationale, est la conclusion d’un cycle entamé en février 2020 avec la signature des accords de Doha qui entérinaient le retrait des troupes américaines.
Premiers signes visibles du rétablissement de l’Émirat Islamique d’Afghanistan : à moto, à pied ou en pick-up, les combattants fraternisent avec les habitants et les drapeaux blancs du mouvement fondamentaliste islamiste commencent à être arborés dans les rues et sur les murs des bâtiments officiels.
Le 20 août 2021, Khalil ul Rahman Haqqani, frère du fondateur du réseau Haqqani et allié notoire des talibans Jalaluddin Haqqani, s’adresse à des fidèles dans la mosquée Pul-i Khishti après la prière du vendredi.
Le 9 février 2011, le département du Trésor des États-Unis avait désigné Khalil al Rahman Haqqani comme un terroriste mondial spécialement désigné en vertu du décret 13224.
Conférence de la Loya Jirga (Assemblée traditionnelle) à Kaboul, le 23 août 2021, organisée par la commission de prédication et d’orientation des talibans. Médias et chefs religieux comptaient parmi les participants.
Le 24 août, aux portes de l’aéroport international Hamid Karzai de Kaboul, des centaines d’afghans attendent dans l’espoir d’être évacués par convois aériens.
Même muni de documents de voyage valides, les portes de l’aéroport sont très difficiles à franchir et leur accès est contrôlé par des combattants talibans, des marines américains, des soldats britanniques et des unités paramilitaires afghanes.
En fin de journée, Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans, a déclaré que les afghans voulant fuir le pays se verraient interdire l’accès à l’aéroport.
Kaboul, le 26 août. Des morts et des blessés arrivent à l’hôpital d’urgence pour les blessés de guerre dans le centre de la ville, après un double attentat-suicide déclenché au milieu de la foule qui tentait d’accéder à l’aéroport international Hamid Karzai.
Le drame intervient seulement 11 jours après l’arrivée au pouvoir des talibans et le début de l’évacuation massive des étrangers et des afghans considérés comme risquant des représailles.
Depuis la prise de pouvoir des talibans le 15 août, les États-Unis et d’autres armées internationales ont entamé une opération d’évacuation massive qui devait s’achever le 31 août, date de retrait des États-Unis.
La mission, menée par des membres de Sayara International, un organisme de recherche présent en Afghanistan, et le Centre Rockefeller, a nécessité l’aide de plusieurs journalistes sur le terrain à Kaboul. Parmi les 109 personnes évacuées se trouvaient des journalistes afghans et un agent de terrain de l’UNESCO, ainsi que leurs familles.
Les personnes évacuées ont été rassemblées à l’hôtel Serena de Kaboul pour partir dans un convoi de minibus et franchir des postes de contrôle tenus par des combattants talibans et des paramilitaires afghans, passage obligé avant de pouvoir entrer dans l’aéroport. Elles ont ensuite été escortées jusqu’au tarmac et amenées dans une nouvelle zone d’attente avant de prendre l’avion.
Policiers et militaires ayant déserté, les talibans ont pris leur place et font régner un nouvel ordre sur la capitale.