Jo’burg, Afrique du Sud, 2004
Jo’Burg : un nom intime pour une métropole d’Afrique du Sud. Ce n’est donc pas Johannesburg qui nous est donnée à voir, mais la vision personnelle que s’en fait Guy Tillim. Il nous entraine dans les quartiers, les immeubles des populations défavorisées de la capitale de la province la plus riche d’Afrique du Sud.
Ville natale de Guy Tillim, Johannesburg a connu avec la fin de l’Apartheid en 1991 une transformation urbaine radicale et très controversée. Tillim s’est intéressé aux oubliés de cette métamorphose : les habitants prisonniers de tours insalubres en attente de reconstruction, qu’il a observés dans leur quotidien. Tillim a photographié des familles, enfants, adolescents, exclus esseulés qui peuplaient ces appartements en décomposition, squattés ou dévastés par la violence encore palpable d’une expulsion – et la ville, fantomatique, du haut de ces tours.
« Les Blancs ont fui le centre de Johannesburg dans les années 1990 : l’abrogation des lois discriminatoires annonçait l’afflux vers les villes des Noirs et des petites gens rêvant d’une vie meilleure. Les anciens habitants avaient prédit une apocalypse – le pillage de leur ville et le chaos absolu. Leur prophétie se réalisa, et fut confirmée par moult témoignages et statistiques. Actrices centrales de cette révolution, les tours, occupées par des locataires qui géraient les bâtiments selon leurs propres règles, sont peu à peu devenues des microcosmes anarchiques. Devant l’absence totale d’autorité morale, nous assistâmes alors à la décadence de Johannesburg. Les fenêtres brisées ne furent jamais remplacées, les cages d’ascenseur se transformèrent en vide-ordures. L’avenir nous dira si Johannesburg est vouée à devenir, à nouveau, une ville de l’exclusion ». (Guy Tillim)