I’m Showing You – How Big The Sky Is, 2025
(L’histoire de Chiou Taur Wu racontée par Martina Bacigalupo)
I’m showing how big the sky is est un hommage de Martina Bacigalupo à son ancienne nounou Chiou Taur Wu, une femme taiwanaise qui a vécu plus de trois décennies en Italie.
Malmenée par la vie, d’une enfance passée dans les champs du sud du pays au travail en usine à Taipei, jusqu’aux dettes de jeux de son mari italien qui l’ont obligée à travailler jour et nuit, Chiou Taur Wu ne se laisse pas abattre. Rentrée à Taiwan à presque 70 ans, elle décide de prendre sa revanche sur la vie et de s’offrir tout ce qu’elle n’a pas pu faire avant : elle reprend ses études, s’inscrit à des cours de danse de salon, et commence à voyager.
À travers des centaines de photos reçues de Chiou pendant dix ans de correspondance, la photographe italienne nous offre l’histoire d’une extraordinaire résilience. Raconté à la première personne, avec les images et les paroles de Chiou, ce travail, publié par L’Artiere Éditions, est un chant de liberté, plein d’humour et de poésie.
J’étais sur une plage de Hualien, à l’ouest de Taïwan, avec mes amis. Il y avait des gens qui prenaient des photos avec un petit dinosaure placé sur un miroir et je leur ai demandé ce qu’ils faisaient. Ils nous ont dit que si nous nous tenions plus loin du dinosaure, il paraîtrait beaucoup plus grand et nous pourrions faire semblant d’être nous aussi des dinosaures. Nous l’avons fait et ça a marché !
Me voici en Corée, jouant avec la langue du requin à côté de ses dents acérées !
J’aime être pieds nus. Parce que quand on n’a pas les pieds attachés, on est libre.
Ici c’est Nantou, dans le centre de Taïwan. Un ami m’a dit de faire comme si l’eau tombait entre mes bras. Mais j’ai échoué.
Lors de cette promenade, il y avait d’un côté la montagne et de l’autre la mer. Je montre la mer parce que je l’aime beaucoup. À Taipei, ça prend trop de temps pour aller à la mer. Je dois prendre deux bus et un métro, et nous sommes tous serrés comme des sardines, alors je finis par ne jamais y aller. La mer me rappelle l’Italie. J’avais l’habitude d’aller sur cette petite plage près du château de Rapallo, tu te souviens ?
Voici le Bosphore à Istanbul. C’était mon premier voyage hors de Taïwan.
Je me suis sentie très heureuse.
Lorsque j’ai vu cette moto, je me suis dit : Je n’ai jamais fait de moto de ma vie : je le fais maintenant !
Me voici au même endroit que le crocodile, en Thaïlande. Quand on va dans ces endroits, on n’a pas beaucoup de temps pour prendre des photos parce qu’il y a beaucoup de touristes, alors je me suis vite jetée par terre en faisant semblant de crier de peur du tigre. Beaucoup de gens prenaient des photos avec ce tigre, mais j’étais la seule à me jeter par terre.
Ici, je me trouvais dans le jardin d’un hôtel à Nantou, à Taïwan. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de choses agréables comme des balançoires et des fontaines. Et puis j’ai vu cette calèche et j’ai voulu prendre une photo à l’intérieur parce que je n’étais jamais monté dans une calèche auparavant. Je n’avais vu des calèches que dans les films.
Nous sommes à Hué, au Viêt Nam. Le geste que je fais avec mes doigts signifie que je t’aime. Mes amis m’ont appris à le faire lors de mes voyages lorsque quelqu’un me prend en photo. Ce jour-là, nous avons fait une merveilleuse promenade sur la rivière, avec des gens qui chantaient et dansaient sur les petits bateaux pour nous. Nous étions heureux.
Sur l’une des petites îles de pêche du sud de Taïwan, il y a des petits crabes qui font de petites traces dans le sable qui ressemblent à de la broderie. Je me suis dit : Regardez le beau travail de ces crabes ! Je me suis accroupie et j’ai demandé à mon amie si elle voulait bien me prendre en photo.