Hulls, 2018
En complète cohérence avec son précédent projet, In Absence, Monika Macdonald poursuit son processus d’expérimentation de l’acte photographique en œuvrant comme une entomologiste, considérant le modèle comme un spécimen qu’elle regarde évoluer, seul, plongé en lui-même, loin de son environnement social, dans un espace clos.
Cette fois, elle se consacre au masculin. Si ses images font écho dans le traitement du nu, de la pose ou de la lumière, à une iconographie picturale classique, elle dresse des portraits bien éloignés des représentations traditionnelles de la virilité et de la beauté des hommes qu’elle observe.
Monika Macdonald, à nouveau, fait éclater les normes. Il est question ici de chair, de trouble, de doutes, de la vulnérabilité tant du corps, de l’esprit que des sentiments.
Elle organise des séances de pose à huis clos et ces faces à faces semblent parfois éprouvants tant la relation photographe/photographié est poussée jusqu’à ses ultimes limites. Il en résulte des images bouleversantes, qu’elles soient dérisoires, douces ou crues, burlesques même : instants d’abandon, d’introspection ou de lâcher prise, presque de démence. La photographe tente ici d’explorer la condition d’homme, dépouillée de faux semblants et des simulacres, loin des rôles assignés et établis.
Et ces hommes-là, sous le regard aussi scrutateur que bienveillant de Monika Macdonald, sont d’une confondante et dérangeante beauté.
Caroline Bénichou