Homanimus, 2004
Ces prises de vues surprenantes de Bertrand Desprez interrogent les rapports entre l’homme et l’animal, lorsque ce dernier devient source de projection et de réflexion. D’un côté, un bavard dont le penchant à l’imaginaire est intarissable ; de l’autre, un silencieux énigmatique décryptant le langage des dauphins et s’exaltant du chant des baleines.
Dès l’enfance, les peluches puis les animaux de compagnie construisent l’identité de l’individu, de l’objet inanimé jusqu’aux êtres humains, avant de devenir compagnons de jeux ou simples confidents muets. Devenu adulte, l’homme utilise un vocabulaire imagé qui renvoie au monde animal – une poule mouillée, une faim de loup, une mémoire d’éléphant, faire le coq, rusé comme un renard. La diversité des costumes et autres tatouages renforce ce besoin de rapprochement de l’ « Autre », cet inconnu qui sommeille en nous.
La démarche de Bertrand Desprez, au moment où l’existence de certains zoos est remise en cause, est de rendre compte de ce besoin d’identification et de représentation toujours plus présent. Alors que la biogénétique, notamment par les essais de clonage, nous projette de plus en plus loin dans notre désir de contrôler notre évolution, les images d’Homanimus sont un prétexte au jeu, à l’humour ou à l’ironie, et nous invitent à l’humilité quant à notre condition humaine.