Georgia seeds carried by the wind, 2009
Cet endroit où j’achète à une sorte de messager, les graines de mon imagination. Ici, elles sont enveloppées dans un vieux manuscrit de musique. Partout dans les rues, je vois les restes de ces imaginations jusqu’à ce que le vent ou la pluie les emporte. Ce sont bien sûr les enveloppes vides des graines de tournesol, vendues dans les rues par des vieilles femmes, et qui sont la base de toute cette région. Je suis allée en Géorgie pour la première fois en 2003, peu de temps après la soi-disant révolution des roses. Je n’y suis pas allée pour la révolution en tant que telle, mais c’est dans ce contexte que je me suis retrouvée. La Géorgie, comme tant d’autres endroits ayant un passé ancien, était un endroit qui semblait être amoureux de sa propre idée de soi. C’est un endroit où les gens semblent à l’aise pour célébrer leur bonne fortune devant la beauté luxuriante de la terre qu’ils habitent.
La densité et la texture des forêts et des montagnes, à première vue vous transportent dans une réalité qui pourrait avoir été créée par certains alchimistes. Il en va de même pour les traits des personnes qui occupent ce lieu, des visages anciens et distincts. Souvent confrontés à des représentations de leurs propres images, des murs d’anciennes églises et cathédrales aux portraits grandeur nature, peints par un artisan pour commémorer une vie. Lorsque je regarde les visages de ces icônes et de ces peintures, je reconnais à la fois des images de l’est et de l’ouest, de riches couleurs sombres créées avec compréhension de la brutalité du temps.
À chaque occasion, je suis invité à faire l’expérience d’une expression de qui et de ce que ces personnes ont décidé d’être. Par la danse, par le chant, par l’agilité physique, par des histoires racontées sur des tables lourdement chargées, partagées par qui veut bien les écouter. Exposées avec aisance, avec plaisir et avec grâce. Il s’agit bien sûr d’une sorte de fantaisie. Et pourtant, il y a une mélancolie qui s’oppose presque inévitablement à une telle exubérance. C’est un lieu qui s’effrite littéralement sous le poids d’une romance aussi insoutenable.
À mon retour en 2008, après un été de guerre avec son puissant voisin. J’ai trouvé mes amis épuisés mais vivants d’une manière qui n’est possible que lorsque l’on est si proche de la mort. Je suis revenu une fois de plus à la fin du printemps 2009, un peu moins d’un an après ce conflit, j’ai voulu rechercher les personnes qui me semblaient les plus représentatives de cet imaginaire collectif. J’ai choisi des danseurs et des pèlerins, des invités à des mariages et de jeunes joueurs de judo.