Geeks2, 2016
Guillaume Herbaut, en décembre 2016, dans le cadre d’une « commande du Cnap et de l’association CéTaVoir » sur la jeunesse en France a demandé aux Geek2 de poser devant son appareil photo. Une construction d’image avec les jeunes de la ville de Tergnier pour aller encore plus loin dans leur univers imaginaire.
Tergnier, une ville de 14 000 habitants au milieu de la Picardie. Cette ville cheminote était connue pour sa cité construite sur les plans de Raoul Dautry faisant référence à une locomotive. Toute l’activité était tournée vers les ateliers SNCF. Dans les années 90, les ateliers ont été restructurés, licenciant une partie des travailleurs. Aujourd’hui, Tergnier semble être au bout du monde. Une ville avec plus de 20% de chômage dont 40% chez les jeunes. Ce qui marque, ici, c’est l’esprit de solidarité. Un héritage de l’esprit cheminot.
Cédric Carlier est interprète, mais en parallèle il a créé en 2012 une curieuse association : Geek 2. (Les Geek au carré).
On le voit chaque samedi avec une joyeuse équipe d’adolescents et de jeunes adultes : vêtus de noir, piercings aux oreilles, tatouages sur les bras, armes à la main ; épées, batte de base-ball, bâtons, certains portent des masques ; tête de mort, visage de cire balafré. Une caméra à la main, il tourne une série faite de bric et de broc qui raconte la vie de personnages mi héros, mi mangas possédant des supers pouvoirs.
Inspirée des classiques geeks tels que les Power Rangers, Dragon Ball Z et Naruto, la série dite d’urban fantasy – « Un monde normal où se passent des choses pas normales », résume l’un d’eux – met en scène de méchants Sbires, venus d’un monde parallèle appelé Ulvan et menés par un certain Big Boss, qui veulent piller les ressources de la Terre. Face à eux, un Ternois nommé Polo, l’Elu, secondé par Hit Girl, un vieux sage nommé Merlock et Captain Picardie.
Cette série est diffusée sur youtube, elle a son propre réseau et ses fans. Chaque personnage de la série a son compte Facebook. Certains épisodes ont été visionnés plus de 4000 fois. Un record à l ‘échelle de la ville. Le succès est tel qu’ils ont été invités au salon Japan Expo.
Pour Cédric, faire du cinéma est un moyen de récupérer des jeunes qui ont perdu tout repaire. Beaucoup d’entre eux étaient en situation d’échec scolaire ou en chômage longue durée. La web série leur donne une structure, elle les intègre dans une communauté de soutien. Il est fier quand il nous dit que certain des acteurs ont pu soit trouver un travail, soit reprendre des études. Ils sont plus de 60 personnes à être membre de l’association. Son objectif est aussi de « redonner une autre image de Tergnier, à l’opposé de Tergnier, la ville sinistrée. »