Frozen Frontline, 2023
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les territoires de l’Arctique connaissent une instabilité géopolitique grandissante. La Finlande, qui a déjà connu un conflit avec l’Union Soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale, reste sur ses gardes face à cette urgence sécuritaire. Afin de se préparer au mieux à toute éventualité, le pays organise des exercices militaires annuel dans les environs de Nurmes, dans la région de Carélie du Nord.
Poursuivant son travail sur les forces armées dans les régions de l’Arctique, Louie Palu a documenté cette préparation en milieu polaire.
Le 30 novembre 1939, 1 200 000 soldats soviétiques envahissent le territoire Finlandais dans le but de récupérer des territoires stratégiques à la défense de Saint-Pétersbourg. Si le gouvernement de l’URSS pensait pouvoir assiéger Helsinki en deux semaines, environ 200 000 Finnois se mobilisent pourtant spontanément et déploient une résistance remarquable contre l’ennemi, réussissant à repousser un grand nombre d’assauts massifs grâce à leur fine connaissance des forêts, lacs et marécages polaires qui constituent le terrain exigeant des 1350 km de frontière partagées entre les deux nations. Bien que digne, la défaite des Finlandais, débouchant sur l’annexion de territoires qui n’ont toujours pas été récupérés, n’en reste pas moins un souvenir amer dans la mémoire nationale.
Est-ce l’héritage douloureux de cette guerre d’hiver, appelée Talvisota par les finlandais, qui a poussé le pays a continuer d’investir dans son armée au moment où ses voisins européens faisaient le choix inverse ?
Cette petite nation d’environ 5,5 millions d’habitants ne possède, certes, que 23.000 soldats – mais sa réserve s’élèverait à près de 900.000 hommes, dont 280.000 mobilisables immédiatement. De plus, la Finlande a décidé de maintenir un service militaire obligatoire, formant près de 21.000 jeunes par an, dont la plupart se portent volontaire d’eux même, preuve de l’importance du sentiment patriotique dans la société civile.
Enfin, l’état organise chaque année un exercice militaire annuel, nommé Kontio 22. À environ 50 km de la frontière russe, à proximité des terres perdues, les soldats s’y entraînent à la défense lors de simulations d’attaques étrangères, du camouflage à la survie, et s’assurent de leur maîtrise des chars et hélicoptères d’attaques, et plus largement de l’ensemble de leur artillerie, considérée comme l’une des meilleures d’Europe.
Face à la récente invasion de l’Ukraine par la Russie, la Finlande, ainsi que ses voisins la Suède et la Norvège, ont demandés à intégrer l’OTAN.
En réaction à cette adhésion finlandaise en avril 2023, et comme un écho alarmant à la préparation de son « opération spéciale militaire » en Ukraine justifiée par le rapprochement de Kyiv et de l’OTAN, Vladimir Poutine a annoncé, en décembre 2023, renforcer la militarisation des territoires proches de la frontière, assurant qu’« Il n’y avait aucun problème là-bas, mais [qu’] il y en aura maintenant », et rendant de plus en plus probable l’apparition future d’un front polaire au nord de l’Europe.