Entre-deux, 2009
La question revient toujours : Où vas-tu, que veux-tu dire ? Je ne le sais vraiment jamais.
Mon travail est fait de temps, d’instants fulgurants d’une mémoire ancienne et d’une foi inébranlable en mon intuition.
J’aime laisser le spectateur face à cette même question à laquelle je ne sais répondre, avec les mêmes matériaux, comme face à un miroir ou à un poème.
À quoi bon lui donner toutes les réponses, signaler un chemin, le faire tomber d’une fois pour toutes d’un côté ou de l’autre ? N’est-il pas plus intéressant aussi bien pour celui qui fait comme pour celui qui lit, d’aborder l’acte photographique comme un voyage, comme tout voyage, qui nous dit sa vérité tout en se faisant, et dont le seul but est imprécis et intime ?
« Entre deux » est un voyage du centre vers les limites géographiques et intimes, une longue marche sur le fil tendu et précaire de mes propres frontières, un rude séjour entre la lumière et l’ombre. Le lieu physique est important, ou pas. Il dit le no man’s land, les limbes que sont les territoires frontaliers, et dessine le pas mortel qu’implique passer de l’autre côté.
C’est un voyage de l’intérieur vers l’extérieur et de retour. Il est sans fin et pourtant, il a un terme. Celui qui regarde, photographe, spectateur, voyeur, raconte et lit sa propre Odyssée.