Distant Early Warning, 2015-en cours
Le projet Distant Early Warning montre la militarisation progressive de l’Arctique, documentant les héritages de la guerre froide et la présence militaire accrue. Les changements dans la région ont été exacerbés par d’autres problèmes, en particulier par le réchauffement climatique. Ce projet au long cours étudie la montée des tensions géopolitiques ainsi que l’évolution des conditions de vie des communautés autochtones dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète. Ce réveil d’intérêt pour l’Arctique s’explique en partie par la perspective qu’avec la fonte des glaces, d’importantes ressources naturelles et de nouvelles routes maritimes feront bientôt partie d’une nouvelle économie du Nord. De nombreux pays intéressés par ces opportunités économiques cherchent donc à revendiquer cette nouvelle frontière géographique. L’Arctique vit actuellement un moment unique de son histoire. En 2007, la Russie a envoyé un sous-marin planter son drapeau dans le fond marin situé sous le pôle Nord, déclenchant ce que l’on appelle désormais la « nouvelle guerre froide. » L’un des premiers moments de l’activité militaire moderne dans l’Arctique remonte aux années 1950, lorsque les États-Unis et le Canada ont construit une série de stations radar : la ligne avancée d’alerte précoce, conçue pour détecter tout missile ou bombardier au-dessus de l’Arctique.Plus récemment, les nations de l’Arctique – à savoir le Canada, la Finlande, le Groenland (via le
Danemark), l’Islande, la Norvège, la Suède, la Russie et les États-Unis –, ainsi que d’autres pays ayant des intérêts économiques dans la zone tels que la Chine, ont augmenté leurs capacités militaires et logistiques pour sécuriser l’accès à la région et y asseoir leur souveraineté. Certains pays cherchent même à étendre leurs revendications territoriales jusqu’au pôle Nord. Les tensions politiques autrefois Est-Ouest incluent désormais le contrôle politique et militaire du Nord. Certes, il ne s’agit pas d’un conflit armé en Arctique, mais les militaires sur le terrain se préparent aujourd’hui à évoluer dans l’un des environnements les plus inhospitaliers de la planète, où l’ennemi le plus redoutable est le froid hivernal.Pour moi, l’Arctique appartient au domaine de l’inconnu, de l’imagination. On se le représente souvent à travers des cartes, des photos clichés de banquise et d’animaux, des stéréotypes dépassés sur les peuples autochtones ou des statistiques scientifiques. L’Arctique est aussi une page vierge pour de nombreux récits inventés afin de nourrir ces visions fantasmées. J’aimerais faire changer ces perceptions et susciter une prise de conscience. Mon travail nous encourage à nous poser des questions sur une région si essentielle de notre planète qui va redéfinir non seulement notre environnement mais aussi nos idées et nos stratégies de sécurité face au réchauffement climatique.