Dans l’enfer de Kandahar, Afghanistan, 2021
Alors qu’approchent les 20 ans des attentats du 11 septembre 2001 et de l’intervention américaine en Afghanistan, le président des États-Unis Joe Biden a confirmé en avril 2021, le retrait de ses troupes avant le 11 septembre 2021, marquant ainsi un tournant décisif pour l’équilibre des forces dans la région.
Repoussés avec difficulté par les frappes américaines, les talibans ont laissé, lors de leur retraite, des milliers de pièges explosifs. Alors que sur place, l’aide étrangère se fait de plus en plus rare, la police d’Arghandab et l’armée afghane se retrouvent seules pour travailler au déminage des routes qui mènent aux villages dévastés. La population, dont 53% est née après 2001, est la première victime de ces combats. Les familles doivent choisir entre fuir leur maison et la région, en risquant leur vie dans l’explosion de ces mines, ou de se rendre dans des camps construits à la hâte dans le désert afghan, où l’accès à la nourriture et à l’eau potable sont plus qu’aléatoire.
Andrew Quilty est allé à la rencontre de ces populations et des forces afghanes pour qui les 20 ans d’occupation américaine et de combats ont couté la vie à 47245 civils et 68000 militaires et policiers. Ils tentent de réinvestir leurs villages détruits par les talibans qui, dans la débâcle, ont tout de même trouvé le temps de piéger les routes, les maisons et les cours d’immeubles.
Dans les chambres des enfants, dans des murs rebâtis, dans des bouteilles d’huiles de cuisines et sous toutes les routes, la région compte au moins un explosif tous les trois mètres, qu’une simple pression ou le passage d’une voiture déclencheraient.
Dans un pays où le taux de pauvreté a bondi de 34% à 55% entre 2007 et 2017 et où 75% des dépenses publiques du pays sont financées par l’aide extérieure, le retrait des troupes américaines venues combattre les terroristes sans parvenir à en venir à bout, est vécu comme un abandon humanitaire dans une zone dévastée où le danger menace de surgir à chaque mouvement.
Afghanistan, Kandahar, 13 avril 2021,
Abdul Nafi (15 ans) a été admis à l’hôpital régional de Mirwais après avoir déclenché, avec un voisin âgé qu’il aidait, Haji Hayat Khan (55 ans) un engin explosif improvisé (EEI). Comme de nombreux habitants d’Arghandab, lui et sa famille avaient dû fuir les combats lors de la vaste offensive lancée par les talibans à l’automne 2020. Abdul Nabi souffre de blessures par éclats d’obus à l’abdomen, à la poitrine et au visage, et a du mal à respirer.
Afghanistan, Kandahar, 10 avril 2021,
Hezbollah, 26 ans, membre de la police nationale afghane a été victime d’une mine artisanale dissimulée par les talibans, alors qu’il retournait chez lui pour la première fois depuis 4 mois dans le district d’Arghandab. Il a dû être amputé des deux jambes à la suite de ses blessures.
Afghanistan, Arghandab, 11 avril 2021,
Un convoi de la police nationale traverse une route récemment nettoyée par les experts en neutralisation des explosifs de l’armée et de la police afghane. Arghandab prise en novembre 2020 lors d’une vaste offensive des talibans a été libérée au début du mois d’Avril. Chassés par les forces spéciales afghanes sur le terrain et par les bombardements aériens soutenus des afghans et des américains, les talibans qui ont survécu se sont réfugiés dans les districts de Kakrez et de Shah Wali Kot plus au nord.
Afghanistan, Arghandab, 11 avril 2021,
Des membres des forces de sécurité nationales afghanes s’abritent derrière un Humvee alors que les techniciens de la police nationale afghane chargés de la neutralisation des explosifs détruisent une vingtaine d’engins explosifs improvisés (EEI) trouvés dans les environs.
Afghanistan, Arghandab, 11 avril 2021,
Des véhicules de la police nationale afghane font un détour par l’un des deux principaux ponts reliant le centre du district d’Arghandab, dans la province de Kandahar, et la ville de Kandahar elle-même, au reste du district. Les deux ponts enjambent la rivière Arghandab et ont été détruits par des combattants talibans après avoir combattu jusqu’au sud de la rivière, qui se trouve à quelques kilomètres seulement de la ville de Kandahar.
Afghanistan, Kandahar, 12 avril 2021,
La famille de Salih Mohammad originaire du district de Panjwai s’apprête à quitter un camp accueillant près de 1 400 familles déplacées par les combats opposant forces gouvernementales et les talibans depuis l’automne 2020. La plupart des personnes présentes dans le camp sont originaires du district voisin de Panjwai, où des combats sont toujours en cours. L’organisation non gouvernementale danoise DACAAR a retiré les réservoirs d’eau qu’elle avait fournis pendant deux mois laissant les résidents du camp confrontés à de graves pénuries d’eau.
Afghanistan, Kandahar, 12 avril 2021,
Salima, 45 ans à droite, originaire du district de Panjwai a vu mourir son mari, sa mère, son père et ses trois enfants dans le bombardement aérien de sa maison. Elle est ici avec sa nièce Barat Gul (28 ans, voile rouge au centre) et Malika, la fille de 9 mois de cette dernière, dans un camp accueillant près de 1 400 familles déplacées par les combats opposant forces gouvernementales et les talibans depuis l’automne 2020.
Afghanistan, Kandahar, 12 avril 2021,
Salima, 45 ans à droite, originaire du district de Panjwai a vu mourir son mari, sa mère, son père et ses trois enfants dans le bombardement aérien de sa maison. Elle est ici avec sa nièce Barat Gul (28 ans, voile rouge au centre) et Malika, la fille de 9 mois de cette dernière, dans un camp accueillant près de 1 400 familles déplacées par les combats opposant forces gouvernementales et les talibans depuis l’automne 2020.
Afghanistan, Kandahar, 12 avril 2021,
Place des Martyrs.
Afghanistan, Kandahar, 14 avril 2021,
Hôpital régional Mirwais, Kandahar.
Afghanistan, Kandahar, 13 avril 2021,
Haji Hayat Khan (55 ans) est décédé dans l’unité de soins intensifs de l’hôpital régional Mirwais. Plus tôt dans la journée, il a été grièvement blessé par une mine artisanale avec Abdul Nafi (15 ans) un jeune voisin qui avait proposé d’aider l’homme âgé à nettoyer sa maison après plusieurs mois d’absence. Comme de nombreux habitants d’Arghandab, lui et sa famille avaient dû fuir les combats lors de la vaste offensive lancée par les talibans à l’automne 2020. Hayat Khan a été amputé d’une jambe et d’une main lors d’une intervention chirurgicale mais a succombé à des blessures internes qui n’ont pu être traitées en chirurgie.
Afghanistan, Kandahar, 13 avril 2021
Faiz Mohammad (28 ans) est pris en charge au service des urgences de l’hôpital régional Mirwais alors qu’il a été grièvement blessé par un engin explosif improvisé (EEI) enterré par des combattants talibans dans la cour de sa maison du district voisin d’Arghandab. Faiz Mohammad était rentré chez lui depuis à peine cinq jours après avoir dû fuir pendant des mois les combats dus à la vaste offensive lancée par les talibans à l’automne 2020.