Dallas (Romania), 1998
La communauté des deux cents Tsiganes de Dallas vit de la récupération des déchets de la décharge municipale de Cluj-Napoca, deuxième ville de Transylvanie. Les Tsiganes, connus pour leur humour noir, ont surnommé leur territoire Dallas, autant pour la complexité des intrigues amoureuses qui s’y déroulent que pour le paysage de désolation de ce mini-bidonville, négatif sordide des demeures fastueuses de JR et Sue Hellen. Dallas est composée d’une trentaine de familles ; la famille est la structure sociale de base et elle fonctionne comme une équipe : le père joue le rôle du capitaine, la mère est son lieutenant, les enfants, au nombre de sept, forment la troupe.
Les familles vivent dans des cabanes de dix mètres carrés, construites avec des matériaux récupérés sur les décharges et les poubelles. La mère s’occupe de la maison, le père travaille à temps partiel sur la décharge et les enfants, quand ils ne sont pas à l’école, travaillent et dorment sur la décharge. Les parents, comme c’est souvent le cas chez les Tsiganes, considèrent leurs enfants comme une main d’œuvre gratuite et corvéable à merci. Cette mentalité a la vie dure et il est rare qu’un enfant poursuive ses études au-delà de l’âge de quatorze ans.