Conséquences industrielles et écologiques sur la pêche en Alaska, 2018
Le port de Sitka, en Alaska, accueille depuis plus de trente ans l’un des derby de pêche aux harengs les plus importants de la côte Pacifique Nord. Chaque année, aux alentours du mois d’avril, plusieurs centaines de bateaux de pêche, en provenance de toute la côte se donnent rendez-vous à Sitka puis prennent le large pour 24 à 48h de pêche miraculeuse. Pourtant, en 2019, aucun bateau n’a quitté le port. Aucun hareng n’a été pêché.
Le contraste est alarmant. Si 2009 a été une année record avec la saison de pêche la plus fructueuse de l’histoire du derby de Sitka, en 2018, le quota de pêche n’a même pas été atteint : les harengs étaient trop peu nombreux, et de trop petite taille, pour répondre aux normes du marché.
En 2019, le ministère de la Pêche et de la Chasse d’Alaska a dû annoncer l’annulation pure et simple de l’événement, mais cela fait quelques temps déjà que les pêcheurs professionnels du Pacifique ne font plus le déplacement jusqu’en Alaska. Le dérèglement climatique, associé à la surpêche industrielle des précédentes décennies, est sans doute responsable de la régression de la biodiversité et donc, de la raréfaction des poissons.
Les pêcheurs, soutenus par l’organisation « Sitka Tribe of Alaska » (STA), alertent sur les répercussions économiques et écologiques qu’entraine la surpêche et militent pour le retour d’une pêche raisonnée dont le but n’est pas d’approvisionner les marchés internationaux mais bien d’alimenter la population locale.
Au mois de novembre 2020, la tribu Sitka remporte une nouvelle étape dans sa bataille juridique avec l’État de l’Alaska. Le tribunal doit encore entendre de nouveaux arguments pour juger du respect par l’Etat de ses responsabilités constitutionnelles dans sa gestion de la pêche commerciale du hareng.
En mars 2020, le juge Daniel Schally avait déjà reconnu que l’État n’avait pas démontré sa capacité à offrir aux pêcheurs une « possibilité raisonnable » d’exercer leur profession.