Circulations, 2013
« Entre 1993 et 2003, je n’ai pas pu circuler en Algérie et tous les voyages que j’ai réalisés à cette époque étaient circonscrits à quelques lieux bien précis et apparemment sécurisés : dans ma famille (à Sétif et dans sa région) et chez certains amis (à Alger, Annaba, Bejaïa et Oran).
Au cours des dernières années, j’ai orienté mon travail autour de deux idées principales.
La circulation à travers le pays. D’abord ma propre circulation dans une Algérie que finalement je ne connaissais pas si bien. Mais aussi celle des Algériens eux-mêmes, longtemps empêchés de voyager en leur propre pays à cause de routes trop dangereuses, de faux barrages, de ratissages de l’armée, de rapts, de disparitions forcées…
Un questionnement personnel sur mon appartenance à ce territoire. En février 2003, j’ai traversé l’Algérie d’est en ouest et, à mon grand étonnement, j’ai ressenti un lien très fort – en dehors de celui de la famille – avec le pays. Comment expliquer cette intimité́ avec des lieux où je n’étais jamais allé́, avec des paysages ou des personnes inconnus ? Ces sensations m’ont très fortement perturbé et interrogé pendant longtemps, à tel point que j’ai décidé́ d’analyser et de comprendre cela.
Ces images, issues de nombreux voyages effectués entre 2009 et 2013, sont des tentatives de réponse. »
Bruno Boudjelal