Childmothers, Middle-East, 2015
Muna a 14 ans et Rim a 4 mois. Muna vit avec sa fille et son mari dans un camp de réfugiés en Jordanie à cause de la guerre dans son pays d’origine. Sa grossesse et son accouchement se sont bien passés, sans complications. Muna souhaite avoir d’autres enfants et ne veut pas retourner à l’école pour finir ses études.
« Je vis dans le camps avec mon mari et ses parents. Mes parents et mon frère sont là aussi. J’allais à l’école ici et dans mon pays natal. J’aimais l’école mais j’ai arrêté. J’ai une fille maintenant, donc je ne peux pas y aller. J’avais 13 ans quand je suis tombée enceinte pour la première fois. J’étais heureuse, sauf que j’ai été malade les derniers mois. J’ai donné naissance à mon enfant à la clinique du camp et j’ai souffert pendant les deux semaines suivantes. Chaque matin, je me lève à sept ou huit heures et j’allaite ma fille. Puis, je m’occupe des tâches ménagères. Je reçois beaucoup d’aide de la part de mes beaux-parents et de mon mari pour prendre soin de ma fille. Rim va bien, mais elle vomit beaucoup. Je pense qu’elle perd du poids à cause des vomissements et de la diarrhée. Cela fait deux mois qu’elle a ça. J’ai parlé au médecin, mais il dit que c’est normal. C’est une grande responsabilité, mais je suis heureuse d’être devenue mère. J’aimerais en avoir trois de plus. Je ne veux pas poursuivre mes études. Je ne sais pas s’il est difficile d’obtenir des contraceptifs ici, parce que je n’en ai jamais demandé. Il y a des femmes qui tombent enceintes même en utilisant une contraception. Si Dieu veut me donner des enfants, cela arrivera, peu importe si je prends une contraception ou non. »
Childmothers, South Asia, 2016
Avoir accès à des sages-femmes qualifiées est essentiel pour sauver les vies et la santé des filles et des femmes pendant la grossesse et l’accouchement. Des sages-femmes pleinement qualifiées travaillant au sein d’un système de santé fonctionnel peuvent prévenir jusqu’à deux tiers des décès maternels et néonatals. Elles peuvent également assurer 87% de tout ce qui est essentiel en matière de services de santé sexuelle, reproductive, maternelle et pour les nouveau-nés. Pourtant, seulement 42% des sages-femmes travaillent dans les 73 pays où plus de 90% des décès maternels et néonatals et des mortinatalité surviennent. Les jeunes filles devenant mères pour la première fois, peuvent être sujettes à un risque particulier parce qu’elles mettent souvent longtemps à reconnaitre les signes de complications et chercher à se soigner. De plus, beaucoup de ces jeunes mères vivent dans des communautés où l’accès aux soins prénatals et postnatals peut être très limité. Les filles enceintes non mariées se retrouvent souvent face à des barrières supplémentaires dans l’accessibilité aux services de santé, parce qu’elles peuvent faire l’objet de jugements à la fois de la part des prestataires de soins et dans leurs communautés et leurs familles.
Le manque d’accès à des sages-femmes qualifiées peut tendre, pour les très jeunes adolescentes de pays à faible et moyen revenus, à doubler le risque de décès maternel ou de fistule obstétricale, que chez des filles plus âgées et des femmes (dont les adolescentes). Cependant, quand les filles ont accès à des soins prénatals et postnatals, elles reçoivent à la fois une aide essentielle dans la protection de leur santé et vivent leur grossesse en toute sécurité, mais également l’opportunité d’obtenir des informations concernant la contraception et d’y avoir accès, dans le but de prévenir une grossesse non désirée.
Childmothers, Latin America and Caribbean, 2016
Les très jeunes mères sont souvent invisibles dans les statistiques nationales et mondiales qui considèrent uniquement que les femmes en âge de se reproduire ont entre 15 et 49 ans. Les jeunes filles sont également souvent exclues des interventions en matière de santé, d’éducation et de développement, ou celles-ci sont en dehors de leur portée. Pourtant, les filles de moins de 15 ans courent le plus grand risque de complications et de décès liés à la grossesse et à l’accouchement. Chaque année, environ 70 000 filles entre 10 et 19 ans meurent de complications dues à la grossesse et à l’accouchement.
Les adolescentes devraient être en mesure de faire leurs propres choix de vie : décider quelle éducation ou formation professionnelle poursuivre; quelles opportunités d’emploi viser; décider qui choisir comme partenaire et le cas échéant, quand et qui épouser et avec qui fonder une famille. Pourtant, chaque année, des millions de filles voient leurs choix de vie considérablement limités en devenant mères trop tôt.
Childmothers, West and Central Africa, 2016
Des recherches ont montré que dans certains pays, la première expérience sexuelle de beaucoup de filles n’était pas consentie et que le nombre de rapports forcés était souvent plus élevé chez les adolescentes que chez les filles et les femmes plus âgées. En fait, la jeunesse est un facteur de risque reconnu d’être sujette à violence par un partenaire pour une fille ou une femme.
Globalement, on estime qu’environ un tiers des femmes a été battue, forcée à un acte sexuel ou abusée de quelque manière que ce soit, le plus souvent par quelqu’un de sa connaissance. Bien qu’il n’y ait pas de statistiques sur le groupe des 10 à 14 ans, une étude sur 133 pays montre qu’une femme sur cinq a été victime d’un abus lors de son enfance.
La violence envers les femmes est souvent considérée comme un problème de femmes, mais des préjugés bien ancrés sur le rôle des hommes y jouent très souvent un rôle. Il y a beaucoup de preuves que les filles et les femmes font face à plus de violence à caractères sexiste dans des sociétés où la norme masculine est celle de la dureté, de la domination et du contrôle des femmes et des filles. Les jeunes filles qui sont victimes de ces violences n’ont le plus souvent pas ou peu accès à des services de protection de leur santé, de leur sécurité et à la justice.