Bukhara babe, 2004
Surnommée Boukhara la sainte, Boukhara la noble, le Dôme de l’islam, le Pilier de la religion et la Beauté de l’esprit, Boukhara fut la cité d’adorateurs de feu et le centre de la renaissance persane et de la science islamique. Elle a connu diverses religions (zoroastrisme, islam chiite et sunnite, christianisme orthodoxe et catholique, bouddhisme, judaïsme), peuples (Grecs, Perses, Mongols, Arabes, Russes) et cultures (siège des dynasties Chaybanide, Djanide, Manghit et Qongrat).
Boukhara est la plus secrète des cités caravanières et la mieux préservée des villes figées d’Orient. En cela, elle est une ville de fantasmes et d’Alices au pays des merveilles.
Toutes les images qui suivent sont des mises en scène. Les lieux de prise de vue ont été choisis pour leur valeur historique : le palais de l’émir de Boukhara, le mosquée et tour de Kalon, le bazar des joailliers et le grand bazar de la ville. Ravshana Kurkova qui figure dans chaque image, est issue d’une dynastie ouzbèke de comédiens et elle est considérée comme une des nouvelles vedettes du cinéma russe et ouzbek.
Chaque scénario a un lien documentaire avec le passé ou le présent. Concernant le passé, lorsque Ravshana est portée par les soldats devant le tour de Kalon, cela fait référence à l’émir Abd Allah qui, en arrivant au pouvoir en 1583, entre dans la ville porté par ses soldats sur un tapis. L’image de Ravshana avec du feu dans la main fait référence à l’époque Zoroastrienne de Boukhara où le culte du feu fut instauré en 329 par Alexandre le Grand. Pour évoquer l’Ouzbékistan d’aujourd’hui, Ravshana se déshabille devant un jeune policier dans sa loge. Il est intimidé par sa sexualité et par son aplomb. Les rôles habituels, ici, sont inversés et l’autorité est tournée en dérision. L’Ouzbékistan est un état policier, la police est redoutée et elle détient tous les pouvoirs. Le pays est musulman et les femmes doivent cacher leur sexualité et attendre que l’homme leur fasse la cour. Une femme ne prend jamais l’initiative, surtout quand il s’agit d’un policier. D’habitude, se sont les policiers en quête de faveurs qui accostent les jeunes femmes dans la rue.