Brésils – Amazonie, 2015-2017
Après avoir exploré Sao Paulo dans une première série, Ludovic Carème quitte la ville pour le plus profond de l’Amazonie de fin 2015 jusqu’à fin 2017. Lui qui s’est penché avec tendresse sur les exclus de la mégalopole a, d’une certaine manière, fait à rebours le parcours de ceux qu’il avait rencontrés dans les favelas. Il a tenté en remontant physiquement et métaphoriquement vers la source de comprendre comment l’attraction de la grande ville produit l’exclusion et la marginalisation. Il est allé voir là où cela commence.
Il poursuit son travail de portraitiste et en le complétant de vues, souvent sensuelles, de la forêt mais aussi de constats nets de la déforestation ou de petites natures mortes trouvées dans les intérieurs, il poursuit le développement sensible d’une photographie documentaire aux solides bases classiques.
Des portraits dignes et un peu tristes, une forêt luxuriante et en butte aux agressions de l’homme, des maisons détruites, le double mouvement qui mène, partout dans le monde, les pauvres vers les villes et leur interdit les centres, tout est là, avec retenue, avec une forme de poésie aussi. Et cette évidence, n’en déplaise au chanteur, que la misère n’est pas « plus douce au soleil ». Encore moins dans le Brésil d’aujourd’hui, de plus en plus violent pour ceux qu’il marginalise.
Christian Caujolle