Belgrade, Année Zéro 17, 2017
La vague de froid qui vient de s’abattre sur l’Europe de l’Ouest sévit depuis plusieurs semaines déjà à l’Est. Elle menace tout particulièrement les migrants tentant de rejoindre les pays de l’espace Schengen. Adrien Selbert s’est rendu à Belgrade où près d’un millier de migrants survivent au sein d’une friche industrielle désaffectée derrière la gare de la capitale Serbe. Par -20°C, se serrant les uns contre les autres pour se réchauffer et n’ayant que de simples couvertures et un feu de bois, les conditions de vie sont bien en dessous du seuil de dignité. Tandis que la route des Balkans est fermée depuis mars 2016, certains tentent malgré tout de passer en Hongrie depuis la Serbie et sont violemment refoulés. Le gouvernement hongrois a décidé de fortifier sa frontière sud. On croit à un retour du Rideau de fer. La neige recouvre la capitale Serbe depuis début Janvier et ne cesse de tomber. À Belgrade, des milliers d’hommes fuyant des pays déchirés par la guerre sont dépourvus de tout et tentent de survivre par un froid polaire. Si la plupart des femmes logent dans des camps officiels surpeuplés, les hommes se trouvent contraints de trouver un abri dans des usines désaffectées. Ils n’ont ni toilette, ni douche, et utilisent un tuyau d’arrosage et des barils chauffés au bois pour se laver. Une association leur permet de prendre un repas par jour, pas plus. À l’intérieur de l’usine, le mercure ne dépasse pas zéro degré. Sur les façades, des graffitis faits par les hommes appellent à l’aide. La fumée provoque des troubles respiratoires, asthme ou encore bronchites. Pour ces immigrés afghans et pakistanais, les problèmes de peau et les lésions liées au froid se multiplient.