Belgian Blue Blood, 2016
Au travers de 96 portraits, Rip Hopkins livre un étonnant tableau de l’aristocratie belge contemporaine. Ducs, comtesses, princes et baronnes prennent la pause et détaillent leur généalogie et la liste de leurs titres.
En Belgique, environ 25 000 personnes font partie de la noblesse, ce qui représente 0,2% de la population. Seulement 800 sont néerlandophones.
La noblesse est répartie dans 1 100 familles. Un tiers puise ses racines dans la noblesse de l’Ancien Régime ; Les deux tiers sont plus récents et ont été anoblis au XIXe siècle par le roi Guillaume 1er des Pays-Bas et aux siècles suivant par le roi des Belges, généralement pour services rendus à la nation.
Tous les ans, le roi anoblit une vingtaine de Belges de différents horizons de la société.
« Le portrait de l’aristocrate est un art qui se pratique de moins en moins. En littérature, au cinéma, dans les arts visuels, en dehors de quelques rares spécimens, on ne peut pas dire que le sujet intéresse. De temps en temps, un documentaire surgit, défendant ou dénonçant un aspect de l’aristocratie, et il nous est alors imposé d’avoir une opinion. Dans les kiosques, quelques magazines mondains mettent en scène une aristocratie glamour et fantasmagorique. Tandis que dans les universités, de rares historiens et sociologues observent avec attention l’aristocratie et son déclin démographique.
Ici, nous sommes devant 96 photographies d’aristocrates belges et 28 photographies de détails de leur vie. L’auteur de cette série n’est ni scientifique ni journaliste. Il n’y a pas de critère rationnel d’échantillonnage sociologique ou d’objectif d’information, d’encensement ou de dénonciation. Rip Hopkins ne répond à aucune commande : ni des personnes photographiées, ni d’une institution culturelle, scientifique, politique, ni d’une entreprise privée. C’est une démarche artistique autonome.
Rompu à l’exercice du portrait, le photographe a voulu perpétrer, de son temps, l’art du portrait de l’aristocrate, dans le pays où il vit : la Belgique. Il rapproche un medium démocratique (la photo) et une communauté de personnes dont le rapport à limage est aussi ancien que le lien au nom et au sang.
À l’heure du numérique, des selfies, de Facebook, quelle est la valeur d’un portrait photo aujourd’hui ? Hyper-consommables, nos reflets numériques se fixent de moins en moins sur un support matériel, ils se volatilisent et se démultiplient à l’infini. »
(Extrait du texte Aristocratie, millénaire trois de Pauline de La Boulaye dans Belgian Blue Blood. Rip Hopkins, éditions Filigranes, France, 2015).