Avenida Paulista, 2020
« J’ai passé chaque jour du mois de mai 2020 à photographier les passants sur l’avenue Paulista, l’artère emblématique – et la plus longue – de la ville. A cette date la pandémie fait déjà rage au Brésil et São Paulo devient officiellement la capitale du coronavirus en Amérique Latine. Au même titre que le virus, les déclarations incendiaires du président Jair Bolsonaro font la une des quotidiens. Les citoyens que je photographie craignent autant la maladie que l’imminence d’un « golpe », un coup d’état militaire.
Mon protocole de prise de vue est simple. Je réalise des portraits en m’approchant au plus près. Le cadrage est volontairement très serré. Le regard, encore plus que le visage, en est le centre de gravité. Je demande à chacun de s’arrêter un court instant pour réfléchir à ce moment si particulier que nous traversons tous, en orientant ma question sur la pandémie et la situation politique nationale.
De ce double questionnement surgissent des regards pensifs, semblant autant portés sur eux-mêmes que fixés sur un point distant ou vague, dévoilant dans les deux cas un hors-champ insaisissable. Une immobilité inquiète semble traverser tous ces portraits. Comme une double sidération, intime et collective. » – Vincent Catala