Aux confins de l’Afghanistan, 2016
À Nimrôz, au Sud-Ouest de l’Afghanistan, malgré les attaques des Talibans, les dangers de kidnapping et la difficulté du climat on fait que plus de 200 000 Afghans ont passé la frontière iranienne en 18 mois dans l’espoir de trouver une source de revenus pour leur famille. Cette région à la frontière entre le Pakistan et l’Iran, est l’une des plus dangereuses d’Afghanistan et l’une des plus désertiques. Artère ancienne du trafic de drogue par les Talibans, elle est devenue depuis un point de passage pour les Afghans qui, face à une économie en berne et à la hausse de la violence, ont perdu espoir et n’ont pas d’autre solution que de quitter leur pays.
La première étape est l’Iran, où les salaires sont deux fois plus élevés qu’en Afghanistan. Puis la Turquie et enfin l’Europe pour les plus ambitieux. Mais avant cela, il faut trouver un passeur, le payer environ 500 $, traverser le désert pakistanais dans des camionnettes surpeuplées, sous la menace des Talibans et dans des tempêtes de sable. Il faut donner des pots-de-vin aux gardes-frontières, à la police, aux guides pakistanais, aux kidnappeurs afin d’espérer atteindre le pays.
Tous les jours, des milliers d’hommes et de femmes venant de toutes les provinces d’Afghanistan arrivent dans l’espoir de passer la frontière. Mais avant cela, ils attendent parfois des semaines dans des hôtels miteux et surpeuplés de Zarandj, la capitale de la province et dernière ville afghane. La cité écrasée de chaleur ne se réveille que le soir, moment où les toxicomanes se retrouvent pour consommer des drogues comme l’opium ou de la méthamphétamine. La plupart ont commencé en Iran parce qu’ils étaient payés en drogue ou forcés par des employeurs peu scrupuleux d’en consommer pour qu’ils travaillent plus longtemps sans ressentir le besoin de manger, ou pour soulager des douleurs liées à leurs conditions de travail.
Un passeur, qui appelle les migrants « sa famille », dit que son activité lui a permis de payer l’école de deux de ses enfants. Selon lui, c’est la faim qui fait partir les hommes. C’est elle qui les fait braver des conditions épouvantables pour tenter de vivre plus dignement, même s’il déclare ne pas leur mentir sur les conditions d’accueil en Europe. Et tant que la situation ne changera pas en Afghanistan, Zarandj restera la porte de sortie.