Go No Go
II y a quinze ans, réalisant un reportage dans l’Est de la Turquie, le photographe Ad Van Denderen vit de ses yeux un phénomène alors tout nouveau : le début de la grande migration contemporaine. Jusqu’alors, les damnés de la terre s’enfuyaient dans des pays voisins lorsque éclataient les désastres. Là, ils attendaient dans des camps de réfugiés de pouvoir rentrer chez eux. Mais à présent, en 1986, Van Denderen voyait des centaines de jeunes gens assis dans des pensions, n’ayant absolument aucune intention de rentrer chez eux. Leur horizon était entièrement différent. Jadis, leurs parents pensaient que dix enfants assureraient la sécurité de leurs vieux jours ; à présent, ils s’écriaient : faites en sorte qu’au moins un membre de votre famille gagne le riche Occident !
Chaque famille semblait prête à vendre le peu qu’elle possédait et à utiliser l’argent ainsi récolté pour payer le voyage à l’un de ses fils. Les jeunes hommes qui partaient avec le pécule familial n’osaient pas revenir les mains vides. Dans Go No Go, Ad Van Denderen nous entraîne aux confins de l’Europe, d’où les immigrants, avec des succès divers, tentent de gagner l’Occident sous la conduite de passeurs. II nous emmène dans des postes de police et des centres de réfugiés où des enquêteurs, flanqués de dossiers épais comme des briques, s’efforcent de tirer au clair l’identité des réfugiés. Il nous montre des hommes tuer le temps dans des pensions, en attendant qu’une bande de passeurs leur fasse franchir une énième frontière. Il accompagne les réfugiés jusqu’aux fils barbelés du tunnel ferroviaire de Calais, où ils se frayent un chemin en coupant les fils puis continuent leur marche, jusqu’à ce que se dresse face à eux une nouvelle clôture hérissée de fils barbelés.
Éditeur : Actes Sud
Date de parution : Juin 2003
ISBN : 2742743936
Taille : 21 x 27 cm
Langue : Anglais
280 pages