Darya.
Histoire d’une badante ukrainienne
Texte de : Jane Evelyn Atwood
Éditeur : Le Bec en l’air
Date de parution : 09/2022
ISBN : 978-2-36744-171-9
Taille : 19 × 20 cm
Langues : Français / Anglais
228 pages
60 photographies noir et blanc
Apparu à la fin des années 1990 et ayant explosé au début des années 2000, le phénomène des badanti demeure très présent en Italie où l’on estime actuellement à plus d’1 million le nombre d’auxiliaires de vie, femmes originaires d’Europe de l’Est (surtout d’Ukraine, de Moldavie et de Roumanie) qu’elles ont quittée après que l’économie de ces pays se soit effondrée. Ces femmes n’ont en général pas de contrat de travail régularisé et travaillent six jours sur sept, au minimum 11 heures par jour.
Jane Evelyn Atwood, dont on connaît l’intérêt pour les gens qui vivent en marge, a suivi l’une d’elles pendant plusieurs mois en 2007.
Venue d’Ukraine avec un visa de tourisme, Darya travaille à Bolzano, chez quatre sœurs âgées et physiquement très diminuées. Du matin au soir, elle s’occupe d’elles — soins, hygiène, toilette, repas —, mais aussi de la maison, des courses et du ménage.
Une fois par an, parfois deux, Darya retourne dans son village d’Ukraine, où l’attendent son mari, Igor, et ses deux filles âgées d’une vingtaine d’années. Les retrouvailles sont émouvantes, mais chaque voyage révèle un peu plus le fossé qui se creuse entre Darya et les siens.
L’argent envoyé par Darya transforme la maison et améliore considérablement le niveau de vie de la famille qui se tourne vers la société de consommation, alors que Darya vit chichement en Italie et semble avoir d’autres valeurs. Qu’en sera-t-il lorsque viendra pour elle le temps de la retraite et le retour au pays ?
Avec l’empathie qui la caractérise, dans une démarche rigoureuse, Jane Evelyn Atwood a choisi de décrire en détails le quotidien immuable de Darya, saisissant au plus près chacun de ses gestes, la suivant du matin au soir dans ses tâches ménagères et les soins qu’elle prodigue aux vieilles dames.
Le livre choisit délibérément de ne rien occulter de ces étapes, souvent fastidieuses, pour mieux souligner au fil des pages la répétition, la monotonie, la lourdeur de la routine et la difficulté physique inhérentes à la vie d’une badante. Pourtant Darya semble ne jamais se plaindre et les photographies montrent à quel point elle demeure attentive à tout ce qu’elle fait.