Brigitte Grignet — Chiloé
Exposition du 06 janvier au 1er mars 2023
Théâtre La passerelle
137 boulevard Georges Pompidou, 05000 Gap
Vernissage le vendredi 06 janvier 2023 à 19h
« Ces 20 dernières années, j’ai pris d’innombrables bateaux, avions, bus. J’en ai raté d’autres. Mon appareil photo m’a toujours accompagnée. La photographie m’aide à me confronter au monde, et aux autres. Quand je regarde mes images, elles semblent parfois émaner de rêves. Mais elles me disent qu’un jour, je me suis tenue là, et ces fragments de vie sont les miens. J’ai cette envie irrésistible de m’échapper aux bords du monde. Des lieux où le temps est suspendu et les gens suivent encore un mode de vie ancestral. Chaque jour, on voit et on entend tant de choses. C’est un peu comme si une histoire nous était racontée, jamais finie, avec mille et un détails. Soudain, c’est la surprise. Une chose comme une autre, une émotion. La vie a bougé, et l’étonnement est là. Dans ces moments de conscience aigüe, le monde semble un endroit neuf. Les images semblent créer un univers qui leur est propre. Dans la solitude de ces instants, profondément ancrée dans le présent, je suis plus que jamais consciente qu’aujourd’hui n’arrivera plus jamais.» – Brigitte Grignet
C’est dans cette veine personnelle qu’elle décrit si bien que Brigitte mène son travail photographique. Ainsi en est-il de Chiloé-La Cruz del Sur, première série présentée dans cette exposition, que vient compléter Present Perfect une sélection de photographies issues de ses différents voyages.
« Les Chiliens avaient autrefois un dicton : « En Chile no pasa nada-Au Chili, il ne se passe rien». Le Chili était alors une carte postale envoyée du bout du monde, un pays à la forme bizarre, la success story d’Amérique du sud. Puis il y eut Pinochet. Aujourd’hui, le pays est toujours en train d’essayer de se réconcilier avec son passé, tout en se modernisant.
Chiloé est un archipel à 1.100 kms au sud de Santiago. Son isolement a créé un fort sentiment d’identité et de communauté. L’île a développé sa propre mythologie et culture, qui reflètent la lutte constante avec l’eau et la terre. Le changement est toujours arrivé lentement sur ces terres mais avec les nouvelles technologies, le tourisme et l’élevage du saumon, les Chilotes voient lentement leur mode de vie et leurs relations changer.
Ma famille adoptive vit à Meulin, une île où il n’y a ni électricité, ni eau chaude, ni médecin. Après l’école primaire, les enfants doivent aller en internat sur l’île voisine. Les gens survivent d’un peu d’élevage et d’agriculture, de collecte d’algues. Les salmoneras étrangères (fermes de saumon) polluent l’eau et les pêcheurs luttent pour survivre. Les jeunes partent à Puerto Montt.
Voici les histoires d’une île qui croit aux bateaux fantômes, aux sorcières, à Dieu et à l’importance de la communauté. Un pays d’arcs-en-ciel et de pommes de terre. Un endroit où le clocher des églises aide les pêcheurs à rentrer à la maison. » Brigitte Grignet