Andrew Quilty — La fin d’une guerre interminable
Visa pour l’image : Festival International du Photojournalisme
Exposition au Couvent des Minimes:
Du 27 août au 11 septembre 2022
Rencontre au Palais des Congrès :
Le 2 septembre 2022 à 12h
Basé à Kaboul de 2013 à 2021, Andrew Quilty a documenté l’actualité liée au conflit tout autant que la vie quotidienne des civils afghans.
L’exposition La fin d’une guerre interminable retrace ces 8 années d’espoir ténu et de confiance perdue, d’élection et de fraude, d’attentats, d’offensives et de négociations, d’instabilité politique et de retrait des troupes internationales… jusqu’à ce qu’à l’aube du 15 août 2021, les talibans finissent par atteindre les portes de Kaboul et reprennent le pouvoir.
C’est un hiver rigoureux qui a commencé en 2013. Dans la ville d’Herat le jour de Noël, les gens brûlaient des déchets au bord de l’autoroute pour se réchauffer après avoir fui les combats et, ironiquement, la sécheresse dans les zones rurales périphériques.
Mais bien que ténu, l’espoir subsistait. Pour la première fois depuis la chute des talibans en 2001, l’élection présidentielle de 2014 devait être organisée par les Afghans et non plus par des acteurs internationaux.
Le jour de l’élection à l’aube, les explosions de roquettes résonnaient dans Kaboul. Les talibans avaient promis un bain de sang.
Le ciel était sombre, mais les électeurs faisaient la queue sous la pluie, faisant preuve de patience face aux inévitables aléas logistiques et menaces pour la sécurité.
Au total, 6,5 millions de votes ont été exprimés et la journée a été présentée comme un succès.
L’enthousiasme a cependant été de courte durée et le pessimisme s’est rapidement emparé du pays.
Au lendemain du second tour entre les deux principaux candidats, il y a eu des accusations de fraude et un audit a été lancé. La confiance dans la République afghane s’est effondrée, tout comme la devise nationale et les investissements étrangers, et le chômage a explosé.
À la fin de l’année, la mission militaire internationale a confié la responsabilité de la sécurité aux forces de sécurité nationales afghanes.
Après avoir attendu patiemment que les forces étrangères mieux équipées, mieux formées et plus motivées quittent le pays, les talibans ont rapidement lancé l’offensive. Ils ont pris le contrôle de leur première grande ville, Kunduz, dans le nord du pays, en septembre 2015. (…)
En février 2020, après dix-huit mois de négociations sous la présidence de Donald Trump, un traité de paix en Afghanistan a été signé entre les représentants américains et les talibans, marquant ainsi la défaite des États-Unis en prévoyant le retrait total des forces internationales l’année suivante si le gouvernement afghan et les talibans s’engageaient à entamer des pourparlers de paix.(…)
Début 2021, après l’annonce du président Biden que les États-Unis respecteraient l’accord de retrait, les talibans ont intensifié les offensives dans tout le pays, s’emparant des régions rurales les unes après les autres alors que les forces gouvernementales s’effondraient, préférant souvent déposer les armes et se rendre.
Au début du mois d’août, les 34 capitales provinciales de l’Afghanistan étaient presque toutes encerclées. S’attendant à une bataille ouverte et sans merci à Kaboul, les forces étrangères et les diplomates encore sur place ont accéléré le processus d’évacuation.
Finalement, les talibans ont repris le pouvoir beaucoup plus vite qu’ils ne l’avaient prévu : il n’a fallu que dix jours pour qu’ils prennent le contrôle de la plupart des capitales provinciales. À l’aube du 15 août, leurs combattants avaient atteint les portes de Kaboul.(…)
_
Andrew Quilty