Adrien Selbert — Les Bords Réels
Les Rencontres d’Arles
16 rue Vernon, 13 200, Arles (FRANCE)
Du 1er au 6 juillet 2019
Un pays peut-il perdre connaissance ? C’est la première question qu’il m’avait posée.
Il me disait :
On a encerclé le pays de mots pour donner un sens à sa guerre.
On a dit « fratricide », on a dit « de religion », on a dit « ethnique ».
Des mots ultimes lancés comme des grenades pour cerner les contours d’un conflit dont on ne comprenait rien.
Pour ne pas s’emmêler dans le nom de son peuple, de ses religions et de sa langue, on a emballé le tout dans une formule simple et terrifiante : « Aux portes de l’Europe ». On parlait alors de siège, de massacre et bientôt de génocide.
Il me disait :
Après quatre années d’horreur, on a coupé le pays en deux. Et pour purger les dernières ardeurs, on a fait signer
« Les Accords » comme on saigne une entaille dans le corps du pays. Alors les balles ont fini de siffler, les caméras se sont éteintes et chacun est rentré chez soi.
Il me disait que la saignée était trop forte et qu’il n’était pas impossible que le pays ait perdu connaissance
À l’occasion du 25e anniversaire de la fin du conflit en Bosnie en 2020, Les Bords réels prolonge et achève le premier travail photographique réalisé par Adrien Selbert en 2015, Srebrenica, nuit à nuit, salué par de nombreux prix et paru aux éditions Le Bec en l’air. Ce nouveau projet réalisé durant trois années repousse les limites de son écriture photographique vers davantage d’expérimentation et de poésie. Cette série a reçu le soutien de la SCAM et du CNAP et a été exposée par l’Agence VU’ aux Rencontres d’Arles en 2019.
Les Bords Réels, Les rencontres d’Arles, 2019
Les Bords Réels, Les rencontres d’Arles, 2019
Les Bords Réels, Les rencontres d’Arles, 2019