Nolwenn Brod : "Dans mes photographies, je cherche une beauté qui doit m’ébranler"

Avec la série *L es hautes solitudes , *Nolwenn Brod nous propose un portrait intime et personnel de la ville de Brest, sa ville natale qui lui était tout à fait inconnue, n’y ayant jamais vécu. C’est avec ce rapport mêlé d’intimité et d’altérité qu’elle aborde la ville. Comme pour l’ensemble de son travail, elle construit cette série à partir de nombreuses références et lectures : l’histoire de la ville, sa géologie, la place des institutions militaires ont nourri l’intention de l’artiste, avant que le hasard des rencontres ne lui donne chair et l’amène dans de nouvelles directions.

Sans l’autre, pas de photographies

"Ce qui m’intéresse, c’est le dialogue intime entre l’habitant, c’est-à-dire l’être, et son environnement. Cette perception des êtres et des choses ne peut se faire qu’avec le temps, et j’ai dû attendre et prendre le temps qu’une sorte de reconnaissance mutuelle se fasse entre la ville de Brest et moi."

"J’ai choisi Brest parce que j’y suis née, même si je n’y ai jamais vécu, et je me sentais légitime de faire le portrait de ma ville de naissance. En la visitant, je me suis rendu compte que cela allait être difficile, elle est grise, assez bordélique, et je la trouve pentue, avec des fils électriques un peu partout. Alors, j’ai dû aller dans les recoins, dans les ruelles pour rencontrer un maximum de gens, car sans l’autre, ma photographie n’existe pas."

Utiliser une douce stratégie pour photographier l’intime

"Dans mes photographies, Je cherche une beauté qui doit m’ébranler, la trace d’un conflit ou de tourments intérieurs. L’apparition d’un visage peut être épiphanique ou brutale, et si je choisis un visage, c’est peut-être parce que c’est lui qui m’a choisie. Ensuite, j’ai toute une stratégie, pour que la personne accepte que je la photographie. Je dois attendre le moment propice pour m’introduire auprès d’elle, gagner sa confiance, car j’ai besoin de prendre mon temps et d’avoir une relation privilégiée avec mon modèle. J’ai essuyé pas mal de refus, c’est assez frustrant, mais, je les oublie et je me remets en mouvement. Il faut que je me sur-adapte à l’autre pour que cela fonctionne, et étant donné que je suis assez réservée, on peut dire que mon travail est une sorte de performance."

Archives

Documentaire sur Brest, émission Le pays d’ici, Marie-Paule Vettes, France Culture, 07/07/1992

Denis Gheerbrant, émission Par les temps qui courent, Marie Richeux, France Culture, 06/01/2022

Jean-Christophe Bailly, émission L’heures bleue, Laure Adler, France Inter, 12/11/2018

Anne-Marie Dovain, émission Le pays d’ici, Laurence Bloch, France Culture, 09/03/1988

Références musicales

Rone, Brest

Quinquis, Envor

Stand High Patrol, Brest Day