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L’Île de la Saudade, 2014-2022

Vincent Catala

Je mène depuis bientôt une décennie un travail immersif de long cours au Brésil, portant sur les marges des villes que j’ai successivement habitées. Commencé avec les tensions politiques qui débutent en 2014 et se prolongeant avec le recul démocratique incarné par le bolsonarisme, ce projet questionne l’enracinement des représentations habituelles attachées à ce pays. Alors que le Brésil peine à transcender son histoire esclavagiste et coloniale, le fil rouge de mon travail consiste à sonder les racines d’un malaise dont l’origine est sans doute plus ancienne que la crise politique des dix dernières années. Après les périphéries de Rio de Janeiro et de São Paulo, j’ai terminé ce projet à Brasília, capitale étrange et elle-même périphérique d’un pays si complexe.

L’île de la saudade fait référence à l’archipel mythique imaginé par le philosophe portugais Eduardo Lourenço, où les habitants seraient prédestinés à se fuir eux-mêmes, comme habités par un état permanent d’exil intérieur.

  • Zone Ouest de Rio de Janeiro
  • Grand São Paulo
  • Brasilia

Zone Ouest de Rio de Janeiro, 2014-2018

Tout commence en 2014, à Rio de Janeiro. À l’époque je connais peu la ville. Elle m’évoque des images de plages, de corps sous un soleil de plomb, de favelas. Pour diverses raisons, je souhaite lui consacrer un travail au long court. Et c’est sur un malentendu que je m’installe au milieu de la Zone Ouest. Il s’agit d’un territoire grand comme huit fois Paris, situé à 50 kilomètres de Copacabana, une périphérie distante des clichés associés à Rio. J’y découvre des habitations de taille variable semblables à des casernes, des friches immenses, pas d’espace public et des gens seuls qui semblent traversés par une mélancolie résignée. C’est un environnement gris, vide et silencieux, avec une faible densité démographique. Un lieu sans identité où je me perds complètement. Dans ces premiers mois d’installation, tout se passe comme si j’étais confronté à un double déplacement : dans une nouvelle culture et dans un monde s’avérant à l’opposé des représentations que je lui prêtais.

Au fur et à mesure de mon immersion, je réalise progressivement que ce type de territoire se retrouve partout dans le pays, et qu’une grande partie des brésiliens y vit. Le malentendu de départ devient une opportunité, l’occasion d’ouvrir les yeux sur une réalité qui n’est jamais traduite visuellement. Je me rends également compte que ces espaces sont une sorte de métaphore, une caisse de résonance en miniature des tensions qui commencent à agiter le pays depuis 2014.

La lumière peut être trompeuse au Brésil. Sa clarté tropicale, dure et blanche, illumine autant qu’elle occulte. Simultanément. Et pourtant le pays que je photographie, dans l’angle mort de sa propre image – jamais montrée – reçoit peu de lumière. Dans ces espaces quelque chose ne semble pas être à sa place, mais quoi ? Si l’on voit partout des empreintes de sens et de présence, la sensation de vide de ce monde installe néanmoins une tension silencieuse dont j’interroge l’origine dans mes images.

Grand São Paulo, 2019-2022

Début 2019, souhaitant continuer ce projet mais en le confrontant à un nouveau territoire, je quitte Rio et m’installe dans le Grand São Paulo, immense périphérie circulaire de la mégalopole brésilienne. Par l’intermédiaire du même dispositif de prise de vue en chambre noire, j’y déploie un processus de travail identique : lent, à la fois empirique et réfléchi, fait d’errances et de rencontres de circonstance se structurant progressivement.

Le périmètre que je sillonne s’étire toujours sur de très grandes distances, parcourues à pied, en bus ou en moto. Par un curieux effet de miroir, ce nouvel espace me renvoie aux sensations éprouvées dans la Zone Ouest de Rio. L’espace public semble ici aussi pulvérisé, les corps et les regards paraissent s’éviter. Les sujets, comme exilés, semblent n’appartenir à nulle part, ou plus précisément à ce nulle part où ils sont photographiés. Entre les lieux traversés, les portraits et les vues de détail réalisés chez les gens ou en extérieur, le regard capte des correspondances. Le monumental paraît ordinaire, et réciproquement. L’instant décisif semble contenu dans la sensation d’attente, comme une tentative de fixer quelque chose situé entre l’instable et l’immuable. 

“Dans le pays qui refuse d’affronter sa mémoire et qui n’a pas fait sa révolution, le progrès est une illusion, les droits ne sont pas garantis et le désespoir n’explose jamais. Ses habitants sont prisonniers d’un présent infini, sans conscience du passé ni perspective d’un futur réellement neuf.”

Citation de l’écrivain brésilien João Paulo Cuenca, dans un texte rédigé à l’occasion de la présentation d’une partie de ce projet par l’Institut Moreira Salles, à São Paulo, fin 2019.

Brasilia, 2022

Après les périphéries de Rio de Janeiro et de São Paulo, j’ai finalisé ce travail à Brasilia et dans le District Fédéral, dans les derniers mois du mandat de Jair Bolsonaro. Il y a dans ce mouvement en apparence inverse – des marges vers le cœur politique du Brésil – la même volonté de comprendre ce pays si complexe. Car Brasilia est-elle vraiment un centre, ou au contraire un mirage, une promesse vide et creuse érigée au milieu de nulle part ? Et dès lors, reflet logique des périphéries lointaines de Rio et de São Paulo ?

Conçue à la fin des années 50, Brasilia est une ville étrange et fantasmée. C’est une capitale miniature et rurale, encore très jeune et pourtant figée dans le temps, construite dans l’opposition entre un plan pilote vitrine et un chapelet de villes satellites. On retrouve ici la fracture classique et politique – très prononcée au Brésil – entre un centre élitisé et hygiéniste, et des marges plus ou moins pauvres. Dans le plan pilote, qui réunit les lieux de pouvoir et les quartiers résidentiels de la ville, Brasilia semble comme vidée de ses habitants. D’immenses artères ou esplanades sans l’ombre d’un passant, hormis lors d’événements politiques, paraissent plus faites pour la voiture – qui est reine – que pour l’individu. Le silence règne. La nuit il est total, pesant. La binarité des saisons – une fournaise sèche, suivie de pluies diluviennes – ajoute encore au sentiment d’un décor de ville bizarrement temporaire et figé.

Reviennent à la mémoire les propos de l’anthropologue Eduardo Viveiros de Castro, apprenant l’incendie du Musée National en septembre 2018 – la pire catastrophe muséologique de l’histoire brésilienne -: “voici un pays où gouverner revient à créer des déserts”.


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Hôtel Paul Delaroche
58 rue Saint Lazare, 75009 Paris
+33 1 53 01 85 85




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