Michaël Zumstein : "En Afrique, on fait la guerre et on meurt avec un maillot de foot sur le dos"

Photographie de Michaël Zumstein - livre "Aka Zidane" - Michaël Zumstein
Photographie de Michaël Zumstein - livre "Aka Zidane" - Michaël Zumstein
Photographie de Michaël Zumstein - livre "Aka Zidane" - Michaël Zumstein
Publicité

Quelques jours après le début de la coupe du monde de football au Qatar, rencontre avec le photographe Michaël Zumstein pour son livre Aka Zidane paru aux éditions Images plurielles.

Avec
  • Michaël Zumstein Photojournaliste

Aka Zidane est un projet photographique réalisé en Afrique. Il offre un état des lieux du « maillot de foot » porté par une foule d’anonymes avec le nom des plus grandes stars du foot de la planète inscrit dans le dos. Porté comme costume de héros contemporain, les personnes photographiées se projettent à travers ce vêtement dans d’autres vies que leur quotidien qui les confronte à la violence, l’exil et la pauvreté. Quelques jours après l'ouverture de la Coupe du monde de football au Qatar, l'occasion d'évoquer les liens entre le foot et les imaginaires, de par le monde.

Photo de Michaël Zumstein - livre "Aka Zidane"
Photo de Michaël Zumstein - livre "Aka Zidane"
- Michaël Zumstein

Passion football

"J’étais presque un enfant de la rue, j’ai joué au football très tôt en bas de chez moi dans un terrain vague. Ce quartier est maintenant très réputé, c’est le Marais à Paris. Mais à l’époque dans les années 1970 il était peuplé de beaucoup de nationalités et d’origines différentes. Je jouais au football dans les jardins du musée Picasso qui était un terrain vague. C’est là que ma passion du foot est née et que j’ai commencé à aimer les joueurs et leurs maillots. J’ai eu mon premier à dix ans mais j’en rêvais depuis beaucoup plus longtemps." Michaël Zumstein

Publicité

Devenir un héros

"Au fur et à mesure que je grandis, la figure du héros prend de plus en plus de place dans la conscience que j’ai de la représentation du football, des hommes en général et de ce que je pensais devoir être aussi. Heureusement maintenant, je m’en détache un peu, je ne veux plus forcément être un héros. Mais il est vrai que le nom inscrit dans le dos sur un maillot de foot était quelque chose de très important. Quand j’ai commencé mes voyages en Afrique, je voyais des jeunes gens et des jeunes femmes portant un maillot de foot. Immédiatement j’avais envie de regarder le nom inscrit dans leur dos. Cela me donnait peut-être un sentiment commun, une petite histoire commune qu’on avait sur un joueur qu’on aimait ou qu’on admirait. Tout de suite j’avais l’impression de partager un bout d’histoire avec les gens que je croisais en Afrique." Michaël Zumstein

Fabriquer des images autrement

"J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de choses qui se logent dans un entre-deux. Entre les beaux livres et les images de la misère par exemple. C’est là que se loge la vie généralement. Concernant la fabrique des images, j’ai d’abord eu une vision peut-être naïve qui a évolué au fur et à mesure que je grandissais. Je ne pense pas que je referais les mêmes images aujourd’hui. D’ailleurs je ne pense pas que je referais du photojournalisme comme je l’ai pratiqué ces vingt dernières années. Aussi parce qu’il y a moins de place pour avoir justement cet entre-deux dans les publications de presse. J’ai de moins en moins l’occasion de travailler pour la presse et je crois que je ne saurais plus raconter les histoires comme je le faisais auparavant. Maintenant j’ai envie d’avoir du temps et de l’espace même si la pratique photographique est mon ADN absolue." Michaël Zumstein

Archives :

Mickaël Correia, émission LSD la série documentaire, France Culture, Perrine Kervran, 27/06/2019

Alexis Cordesse, émission Par les temps qui courent, Mathilde Wagman, France Culture, 23/11/2021

Raymond Depardon, émission Projection Privée, Michel Ciment, France Culture, 03/03/1996

Références musicales :

MunchenKoln

Munchen, Bonga 1

Omah Lay, Lolo

Tiken jah falkoly, Plus rien ne m'étonne

L'équipe