Françoise Huguier est née en 1942 et a grandi au Cambodge, dans ce qui était encore l’Indochine française. A l’âge de huit ans, elle est enlevée avec son frère par des mouvements indépendantistes. Elle est restée otage pendant neuf mois.
- Françoise Huguier Photographe
Françoise Huguier se souvient de la plantation d’hévéas de son père et de son enfance entre Cambodge et Vietnam jusqu’à ce jour d'aoùt 1950 où elle fut enlevée avec son frère, épopée qui fut évidemment un événement fondateur qu’elle a raconté dans un livre paru chez Actes Sud, J’avais huit ans et dans son autobiographie éditée chez Sabine Wespieser, Au doigt et à l’œil. C'est au cours d'une fête organisée par la plantation de Chup que l'attaque a eu lieu : « A ce moment là, mon frère, ma sœur et moi étions au bord de la piscine, nous regardions un western « La Dernière Cartouche ». Lorsque des coups de feu ont éclaté, on nous a encerclés. Je me suis cachée derrière le bar... Lorsque les coups de feu ont cessé mon frère est sortie de la cuisine et je suis sortie du bar, et j'ai vu quatorze morts. » Quelques instants après, son frère et elle ainsi que trois adultes, seront enlevés par le Viêt Minh et retenus captifs huit mois dans un camp. Elle en fait le récit...
Cette histoire, elle l’a occultée pendant très longtemps, il a fallu attendre cinquante ans avant qu’elle retourne au Cambodge, ce qu’elle a fait en 2003-2004 sur les conseils du critique de cinéma Serge Daney. Sur place elle photographie les lieux de son enfance : « Lorsque j'ai pris des photos c'est comme si j'étais en apnée, je ne ressentais rien ». Cependant lorsqu'elle apprit par des amis d'enfance que la piscine existait encore, elle s'est dit : « mon histoire est enterrée là-dedans, je vais la reprendre. »
Rétrospectivement, est-ce qu’elle dirait que cette expérience a été constitutive de ce qu’elle est devenue et de la photo qu’elle a pratiquée ? « Cela m'a donné de la force » dit-elle. Même si elle craint encore aujourd'hui les feux d'artifices dont le bruit s'apparente aux coups de fusils.
Générique
Une série d’entretiens proposée par Caroline Broué. Réalisation : Guillaume Baldy. Prise de son : Andreas Jaffre. Chargée de programmes : Daphné Abgrall. Coordination : Florian Delorme.
Pour aller plus loin
La page de Françoise Huguier sur le site de l'Agence Vu'
La 13e édition des Rencontres de Bamako – Biennale africaine de la photographie
Les curiosités du monde de Françoise Huguier. Exposition présentée en 2020, au musée du quai Branly - Jacques Chirac.
"Pince Moi, Je Rêve". Interview de Françoise Huguier à l’occasion de l’exposition présentée en 2014, à la Maison Européenne de la Photographie.
Kommunalka , documentaire de Françoise Huguier (2008).
Bibliographie sélective
Sur les traces de l’Afrique fantôme Françoise Huguier et Michel Cressole (Ed. Maeght, 1990).
En route pour Behring Françoise Huguier (Ed. Maeght, 1993).
Secrètes Claire Denis (Ed. Actes Sud, 1996).
Sublimes. Françoise Huguier Françoise Huguier et Gérard Lefort (Ed. Actes Sud, 1999).
J’avais huit ans Françoise Huguier et Julien Frizot, suivi d'un dialogue avec Raymond Depardon (Ed. Actes Sud, 2005).
Françoise Huguier Françoise Huguier et Gérard Lefort (Ed. Actes Sud-Photo Poche, 2012).
Au doigt et à l’œil : Autoportrait d’un photographe (Ed. Sabine Wespieser, 2014).
Virtual Séoul Françoise Huguier et Patrick Maurus (Actes Sud, 2016).
La Curieuse. Françoise Huguier Françoise Huguier et Gérard Lefort (Ed. Filigranes, 2020).
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